Incendies à Los Angeles : pourquoi la pluie attendue ce week-end n’est pas qu’une bonne nouvelle

Après plus de deux semaines d’incendies, Los Angeles se prépare à recevoir la pluie. Si au premier abord on pourrait croire à une bonne nouvelle, il n’en est rien.

Après les flammes, une eau salvatrice ? Pas vraiment. Voilà plus de deux semaines que la ville de Los Angeles fait face à de violents incendies qui ont fait pour l’instant 27 morts et détruit 16 000 hectares. Des feux attisés par l’extrême sécheresse et les vents de Santa Ana. Mais pour ce week-end du 25 janvier, les météorologues prévoient enfin de la pluie après des semaines sans une goutte. La fin du tunnel pour les habitants de la cité des Anges ? Si ces précipitations peuvent sembler être une bonne nouvelle, elles pourraient en fait annoncer de nouveaux dangers.

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En effet, comme le souligne CNN citant le National Weather Service, la région va recevoir plus de pluie ce week-end que durant les six derniers mois réunis. Il devrait tomber de samedi à dimanche entre 1,25 et 2,05 cm sur les principales zones brûlées par les incendies de Palisades et d’Eaton. À titre de comparaison, la zone n’a reçu que 0,7 mm entre les mois d’octobre et janvier.

Certes, on pourrait se dire que ces précipitations pourront aider les secours à éteindre les flammes et palier la sécheresse, d’autant plus qu’un nouveau violent feu s’est déclenché au nord de la ville mercredi. « Cela va nous aider à court terme », a estimé Bryan Lewis, des services météorologiques américains (NWS). Mais d’autres épisodes pluvieux seront nécessaires « pour vraiment sortir de cette saison des incendies », estime-t-il.

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Mais un autre effet à court terme, dangereux celui-ci, est à craindre : les coulées de boue et glissements de terrain.

Les terres qui ont été calcinées par le feu ne pourront pas absorber d’eau. Or, les incendies ont touché des collines, dans les terres mais aussi les bordures de d’océan comme à Pacific Palisades. « Les zones calcinées, avec la perte généralisée d’arbres, d’arbustes et de végétation, auront une capacité beaucoup plus faible à gérer la pluie et seront plus susceptibles de s’effondrer », a déclaré à CNN Ariel Cohen, météorologue en charge du bureau du National Weather Service à Los Angeles. « Cela se comporte davantage comme du ciment ; le sol ne peut pas absorber l’eau, donc tout s’écoule immédiatement. »

Après les dégâts du feu, les structures encore intactes dans la zone pourraient donc être endommagées et menacer la vie des habitants. « Sans végétation pour ancrer le sol, les fortes précipitations peuvent entraîner des coulées de débris soudaines et rapides, qui peuvent détruire des maisons, bloquer des routes et poser de graves risques pour la vie et les biens », a averti le gouverneur de Californie, Gavin Newsom.

« Cela se comporte davantage comme du ciment ; le sol ne peut pas absorber l’eau, donc tout s’écoule immédiatement. »

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Autre danger : la pollution. Car les terres brûlées ces dernières semaines sont remplies de déchets toxiques calcinés. Les gravats structurels brûlés, les autres débris carbonisés et le sol en dessous peuvent contenir des produits chimiques toxiques, dont l’élimination peut prendre des mois. L’eau, en ruisselant, va se charger en agents et déchets toxiques, dévaler les pentes et se jeter dans l’océan et dans les rues. « Ajouter de l’eau à ce désordre et à ces collines saturées et instables est la dernière chose dont nous avons besoin », a déclaré Traci Park, membre du conseil municipal de Los Angeles à ABC News.

Comme si ça ne suffisait pas, le risque d’orage pendant ces pluies n’est pas exclu. Ainsi, il est possible que la foudre s’abatte et déclenche de nouveaux incendies. « Normalement, je prie pour qu’il pleuve. Dieu sait que nous en avons généralement besoin », a ajouté Traci Park. « Mais pour l’instant, permettez-moi de souligner l’évidence : la cicatrice de l’incendie de Palisades se trouve non seulement à quelques mètres de l’océan, mais aussi sur des flancs de collines qui sont déjà sujets aux glissements de terrain et qui ont déjà absorbé une énorme quantité d’eau provenant des opérations de lutte contre les incendies, des canalisations cassées et des flaques d’eau. »

Conscient des nouveaux dangers qui guettent la mégalopole, le comté de Los Angeles se tient prêt. Des ouvriers ont préparé des sacs de sable, du gravier et des barrières en béton qui pourront être déployés en cas de fortes pluies, précise l’AFP.

Le gouverneur Gavin Newsom a assuré que ses services travaillent « en étroite collaboration » avec les partenaires locaux « pour empêcher les eaux de ruissellement toxiques de pénétrer dans les cours d’eau ».

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La maire de Los Angeles, Karen Bass, a émis mardi un décret visant à consolider les zones brûlées avant la pluie. « Cela vise à éviter des dommages supplémentaires aux zones déjà ravagées par le feu, et également à protéger notre bassin hydrographique, nos plages et notre océan des eaux de ruissellement toxiques », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse.

« Le plan d’action que j’ai demandé aux bureaux des travaux publics de notre ville de mettre en œuvre comprend l’installation de barrières, l’enlèvement des débris et le détournement des eaux de ruissellement de notre système d’eaux pluviales vers notre système d’égouts où elles peuvent être traitées. » Après le vent, le feu et désormais la pluie, la Cité des Anges est une triste illustration des effets du dérèglement climatique.

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