Incendie de la synagogue de La Grande-Motte: ce que l'on sait sur le suspect interpellé
La fin d'une cavale. Un homme a été interpellé samedi 24 août dans la soirée à Nîmes, dans l'Hérault. Il est suspecté d'avoir déclenché l'incendie qui a touché la synagogue de La Grande-Motte.
• Repéré sur les caméras de vidéosurveillance
Samedi, les forces de l'ordre sont informées vers 8h30 qu'un incendie s'est déclaré devant la synagogue Beth Yaacov à La Grande-Motte, dans l'Hérault. Sur place, ils constatent que deux voitures sont en feu et qu'une bouteille de gaz se trouve à proximité. Des flammes sont aussi visibles sur les deux portes de la synagogue.
Un policier est blessé, sans que son pronostic vital ne soit engagé, après l'explosion d'une cartouche de gaz appartenant aux responsables du lieu de culte. Selon des sources à la gendarmerie, le caractère criminel de cet incendie ne fait pas de doute.
Dans les heures qui suivent, les enquêteurs s'intéressent aux caméras de vidéo-protection du lieu de culte. Sur les images, ils notent la présence d'un suspect. Ce dernier arbore un drapeau palestinien, ainsi qu'une arme, a appris BFMTV de sources proches de l'enquête. On le voit quitter les lieux à pied.
• Interpellé dans une tour de Nîmes
Samedi soir, vers 23h30, le suspect est interpellé au dernier étage d'une tour située dans le quartier Pissevin, à Nîmes, dans le Gard, a appris BFMTV de sources proches de l'enquête. L'arrestation est menée par des policiers appartenant aux BRI de Montpellier et de Marseille et du service d’élite du RAID dans un appartement qui n'est pas son domicile.
Pendant l'intervention, le suspect a ouvert le feu sur les policiers, qui ont riposté. Il a été touché à plusieurs reprises au bras - et pas au visage, contrairement à ce qui était indiqué dans un premier temps. Il a été transporté à l'hôpital et se trouve toujours en soins ce dimanche, sans que son pronostic vital ne soit engagé, après une opération pour résorber sa blessure.
• Inconnu des services de renseignement
Sur son profil, de nombreuses part d'ombres demeurent. Selon nos informations, l'homme est âgé de 33 ans et de nationalité algérienne.
Il se trouve en situation régulière sur le territoire français, où il est arrivé en 2016 depuis l'Espagne, selon Gérald Darmanin. Père d'un enfant né en France en 2019, il dispose d'un titre de séjour. Actuellement, l'individu est séparé de la mère de l'enfant, selon une source proche du dossier.
Il logeait d’appartement en appartement dans le quartier Pissevin à Nîmes et dormait aussi parfois dans un foyer de la ville. Lors de son interpellation, il se trouvait seul dans le logement.
Avant cette affaire, le suspect était connu des forces de l'ordre pour "usage de stupéfiants". En revanche, il était totalement inconnu des services de renseignement, comme l'a réaffirmé le ministre de l'Intérieur démissionnaire.
· "Plus le bienvenue" à la mosquée
Abdallah Zekri, le vice-président du Conseil français du culte musulman et recteur de la mosquée Sud-Nîmes, où se rendait le suspect, a indiqué sur BFMTV ne pas le connaître "personnellement". Après s'être renseigné auprès des fidèles de la mosquée, il a affirmé, sur notre antenne, que l'homme s'était rendu "imbibé d'alcool" dans le lieu de culte, il y a deux ans.
"Les fidèles lui ont fait comprendre qu'il n'était pas le bienvenue. Il était connu dans le quartier car il venait vendre des fruits, des bananes, des dattes, pour vivre, car il disait qu'il n'avait pas d'argent", a-t-il poursuivi.
Selon lui, il s'agit d'une personne "très renfermée" qui ne parle "avec personne". "Tout le monde a été surpris que ce monsieur soit devenu terroriste. On a des problèmes de drogues dans le quartier mais jamais de terrorisme", a-t-il affirmé, avant d'ajouter: "Tout le monde se demande si ce monsieur a été manipulé, utilisé par d'autre. Il n'avait pas du tout le profil de terroriste. Il n'a jamais parlé de religion, parlé contre les juifs, les chrétiens ou quiconque. C'est un monsieur qui était dans sa bulle". Il a dit espérer que l'enquête permette de déterminer "la réalité des choses".
• Il a agi seul
Selon nos informations, le suspect a agi seul et a mis le feu à sa propre voiture samedi près de la synagogue, avant de prendre la fuite.
En plus du suspect, deux autres personnes de son entourage ont été interpellées par les forces de l'ordre. Il s'agit de deux hommes âgés d'une trentaine d'années et simples "relations" du principal suspect. Une troisième personne, sans compter le principal suspect, a été interpellée et placée en garde à vue, a appris ce dimanche matin BFMTV de source proche de l'enquête. Le suspect principal dans cette affaire se trouvait ce dimanche en garde à vue et n'a pas encore été auditionné en raison de son état de santé.
La garde à vue de l'une des trois personnes de l'entourage du suspect a été levée ce lundi 26 août, en fin de journée, a-t-on appris auprès du parquet. Le suspect et les deux autres personnes de son entourage ont vu leur garde à vue prolongée.
Le maire LR de La Grande-Motte Stéphane Rossignol a confié son "soulagement" ce dimanche sur BFMTV après l'arrestation de cet individu "extrêmement dangereux". "On a évité le pire", a-t-il jugé.