Incendie d'un hôtel en Turquie: des familles entières, dont de nombreux enfants, parmi les victimes

La Turquie a commencé ce mercredi 22 janvier à enterrer ses morts, au lendemain d'un incendie qui a tué au moins 76 personnes en pleine nuit dans un luxueux hôtel de la station de ski de Kartalkaya, dans le centre du pays. Parmi ces victimes, des familles entières qui séjournaient dans cet hôtel, dont les prix étaient parmi les plus élevés de toutes les stations de ski de Turquie.

Au coeur des vacances d'hiver, cadres, entrepreneurs et médecins de renom séjournaient pour la plupart avec leurs enfants et leurs proches.

De nombreux enfants parmi les victimes

Mercredi après-midi, le chef de l'État Recep Tayyip Erdogan a assisté aux funérailles de huit proches d'un ancien député de son parti, l'AKP, à Bolu, à 35 km de Kartalkaya: sa fille et au moins sept de ses proches ont péri dans les flammes, dont son époux, ses quatre enfants, ainsi que son beau-frère et sa belle-soeur.

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Le chroniqueur du quotidien turc Sözcü, Nedim Türkmen, ainsi que sa femme et ses deux enfants âgés de 18 et 22 ans comptent au nombre des victimes. Le doyen de la faculté de gestion de l'université privée Özyegin, Atakan Yalçin et sa fille sont morts, ainsi qu'un neurologue de renom, Ahmet Çetiz, sa femme et leurs trois enfants.

Beaucoup d'enfants, dont le nombre n'a pas été officiellement précisé, ont trouvé la mort au cours de leurs vacances, comme la jeune nageuse de 10 ans du club de natation de Fenerbahçe à Istanbul, Vedia Nil Apak, décédée avec sa mère. Ou les cousins Kemal et Atlas Kaan Tokcan, 8 et 5 ans, morts avec leurs pères respectifs.

Le club de football stambouliote de Fenerbahçe a également annoncé le décès de l'épouse et de la fille du président de son association locale de supporters. Galatasaray a également confirmé la mort d'un ancien membre de son club d'aviron, décédé avec sa femme et sa fille. Mercredi après-midi, plus d'une vingtaine de victimes n'avaient pas encore été identifiées.

"Il n'y a aucune excuse pour de tels décès en 2025"

"Il n'y a aucune excuse pour de tels décès en 2025", a lancé tard mardi Özgür Özel, le chef du CHP, principal parti de l'opposition turque, devant l'imposant hôtel à la façade noircie où les recherches continuent mercredi pour retrouver d'éventuelles victimes, en pleine journée de deuil national.

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"Quand je suis arrivé, il y avait des flammes partout, on entendait des cris (...) J'ai vu une personne se défenestrer", a confié Cevdet Can, responsable d'une école de ski de la station, se disant très "affecté" par la mort d'un nombre important d'enfants.

"J'ai perdu cinq de mes élèves", a raconté un moniteur de ski, Necmi Kepcetutan, lui-même rescapé des flammes.

D'autres survivants ont dénoncé dès mardi l'absence d'alarme incendie et de portes coupe-feu dans l'hôtel Grand Kartal. Neuf personnes, dont le propriétaire de l'établissement, son directeur général et un électricien de l'hôtel ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête lancée par le ministère de la Justice, qui lui a assigné six procureurs.

La direction de l'hôtel a présenté ses condoléances et exprimé "sa peine" dans un communiqué publié dans la nuit, assurant "coopérer avec les autorités pour faire toute la lumière sur cet accident".

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Selon le ministère du Tourisme, l'hôtel avait été "vérifié" par les pompiers en 2021 et 2024. Mais le ministère et la municipalité d'opposition de Bolu se renvoient la responsabilité des certifications de conformité aux normes de sécurité.

L'agence étatique Anadolu a publié mercredi un document en date du 2 janvier, délivré par la municipalité de Bolu, attestant de la conformité d'un nouveau "café-restaurant" de 70m2 aménagé au 4e étage de l'hôtel, d'où serait parti l'incendie selon la presse turque.

Les autorités ont affirmé que l'incendie avait éclaté peu avant 3h30 mardi, et que les pompiers sont arrivés sur place en moins de 45 minutes. Mais des témoins et rescapés affirment que l'incendie avait débuté au moins une heure auparavant.

"Ce n'est pas l'incendie mais les négligences qui ont causé la mort" des vacanciers, écrit le grand quotidien progouvernemental Hürriyet.

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Le ministre du Tourisme a démenti l'absence d'escaliers de secours, évoquée par certains rescapés, affirmant que l'hôtel en comptait deux. Le bâtiment de douze étages, avec vue panoramique sur les montagnes, est situé à proximité d'une pente abrupte, ce qui a compliqué l'intervention des pompiers. Selon la presse turque, le bardage en bois de l'hôtel aurait également facilité la propagation des flammes au reste du bâtiment.

Article original publié sur BFMTV.com