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Importante bataille en cours dans l'est de l'Ukraine

par Aleksandar Vasovic SIVERSK Ukraine (Reuters) - De violents combats étaient en cours jeudi dans l'est de l'Ukraine entre soldats ukrainiens, appuyés par de l'artillerie et des blindés, et séparatistes pro-russes qui ont reconnu avoir subi de "lourdes pertes" en armes et en matériel face à des forces gouvernementales supérieurement équipées. Les affrontements ont débuté vers 04h00 (01h00 GMT) près de la ville de Krasni Liman, ville au nord de Donetsk qui est sous le contrôle des forces gouvernementales depuis le début du mois. "Une importante bataille est actuellement en cours qui dépasse par les forces engagées et par son ampleur tout ce que nous avons vu jusqu'à présent", a dit une source militaire. Environ 4.000 combattants séparatistes seraient engagés dans ces combats pour lesquels les deux camps ont mobilisé des véhicules blindés, probablement des chars. "Nous avons adressé cette nuit un ultimatum aux terroristes. Nous leur garantissons leur sécurité conformément à la loi ukrainienne (...). Ils ont refusé", a déclaré Vladislav Selezniov, porte-parole de l'armée gouvernementale. "Nous essayons pour le moment de resserrer l'encerclement. Ils essaient de forcer leur passage", a-t-il dit. De Krasni Liman, les forces gouvernementales s'emploient à resserrer leur étau plus au sud et à l'est, y compris vers le bastion rebelle de Slaviansk situé à une dizaine de kilomètres au sud-ouest. RENFORTS RUSSES À LA FRONTIÈRE L'armée de Kiev a attaqué le village de Iampil, à 12 km à l'est de Krasni Liman, avec une vingtaine de chars de combat et de nombreux véhicules blindés arborant le drapeau national jaune et bleu, a déclaré une habitante. Un chef rebelle, Igor Strelkov, a fait état de "lourdes pertes" en matériel et en armement dans les rangs des séparatistes. "Nous avons repoussé la première attaque et détruit un char. Mais c'est difficile de tenir tête à vingt chars. La bataille se poursuit. Nos combattants tiennent bon mais nous ne pouvons exclure une percée des gouvernementaux", a dit Strelkov, surnommé "Guirkine", qui a demandé à Moscou de "prendre des mesures". Selon le secrétaire général de l'Otan, la Russie a déployé ces derniers jours des milliers de soldats supplémentaires à la frontière orientale de l'Ukraine. "Nous constatons un nouveau renforcement du dispositif militaire russe à la frontière ukrainienne. Au moins plusieurs milliers de soldats supplémentaires y sont désormais stationnés", a déclaré Anders Fogh Rasmussen qui a dénoncé "un regrettable pas en arrière". (voir) On ignore s'il y a eu des pertes du côté de l'armée ukrainienne lors des combats de jeudi. Petro Porochenko, investi le 7 juin à la présidence, a offert un cessez-le-feu unilatéral et une amnistie aux séparatistes qui rendraient leurs armes. "4.000 CERCUEILS" Il devait rencontrer dans la journée des représentants des régions de Louhansk et Donetsk pour présenter ses propositions, même s'il exclut de rencontrer des insurgés. La rébellion pro-russe dans l'Est ukrainien a commencé début avril après l'annexion de la péninsule de Crimée en mars par la Russie, conséquence de l'éviction en février du président Viktor Ianoukovitch. Les violences dans la région ont coûté la vie à 147 soldats ukrainiens et 267 autres ont été blessés, selon un bilan annoncé mercredi par le ministère de la Défense. Mais de nombreux miliciens séparatistes, des civils et des membres d'autres corps de l'armée comme la Garde nationale ont également été tués. Interrogé sur les informations selon lesquelles 4.000 rebelles pro-russes seraient impliqués dans les combats à Krasni Liman, le porte-parole des forces gouvernementales Vladislav Selezniov a répondu: "Alors, ça fera 4.000 cercueils." A Kiev, le président Porochenko a confirmé que son pays signerait comme prévu l'accord d'association et de libre échange avec l'Union européenne le 27 juin. La Russie, qui craint que l'accord d'association ne nuise à son économie, a menacé d'adopter des mesures protectionnistes. (Lina Kushch et Aleksandar Vasovic à Donetsk, Pavel Polityuk et Richard Balmforth à Kiev; Pierre Sérisier, Jean-Stéphane Brosse et Guy Kerivel pour le service français, édité par Tangi Salaün)