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"Impeachment": Bataille au Sénat US sur le format du procès de Donald Trump

"IMPEACHMENT": BATAILLE AU SÉNAT US SUR LE FORMAT DU PROCÈS DE DONALD TRUMP

par Susan Cornwell et David Morgan

WASHINGTON (Reuters) - Contrôlé par les républicains, le Sénat américain a rejeté mardi les propositions des parlementaires démocrates visant à contraindre l'administration américaine à fournir plus de documents et de preuves dans le cadre du procès en destitution de Donald Trump, laissant entrevoir une issue favorable pour le président.

Au premier jour du troisième procès en "impeachment" de l'histoire des Etats-Unis, les 53 sénateurs républicains ont voté contre les différentes motions déposées par le chef de la minorité démocrate Chuck Schumer visant à réclamer des documents à la Maison blanche, au département d'Etat, au Pentagone et au bureau de la Gestion et du Budget liés au dossier ukrainien.

La majorité a également refusé de faire citer à comparaître Mick Mulvaney, le secrétaire général de la Maison blanche en exercice, et John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale.

Les démocrates accusent Donald Trump d'avoir cherché à faire pression sur son homologue ukrainien, Volodimir Zelenski, lors d'une conversation téléphonique afin que Kiev ouvre une enquête sur l'ancien vice-président américain Joe Biden, potentiel adversaire démocrate de Trump lors de la présidentielle de novembre prochain.

La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a approuvé la semaine dernière les deux articles de la procédure d'"impeachment", l'un accusant Donald Trump d'abus de pouvoir, l'autre d'obstruction des travaux du Congrès. Le président réfute ces accusations et dénonce un "affront" à la constitution américaine.

UN PROCÈS "INFONDÉ"

Lors des débats préliminaires, Pat Cipollone, le conseiller juridique de la Maison blanche qui dirige la défense du président lors du procès en destitution, a déploré un procès qu'il juge infondé.

"La seule conclusion sera que le président n'a fait absolument rien de répréhensible (...) Il n'y a absolument aucune affaire", a-t-il affirmé.

Le représentant démocrate Adam Schiff, qui dirige une équipe de sept représentants qui tiendront le rôle de procureurs dans le procès, a récapitulé les charges retenues contre Trump, estimant que le président avait commis un "manquement à la Constitution qui justifiait l'impeachment".

Même si, dit-il, les preuves contre Trump sont déjà "accablantes", d'autres témoignages sont nécessaires pour montrer l'étendue des manquements du président et de son entourage.

UNE DESTITUTION PEU PROBABLE

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a dévoilé lundi un projet qui ferait de ce procès une procédure rapide, sans nouveau témoignage ou preuve, accordant aux procureurs démocrates et aux avocats de Trump 48 heures en quatre jours pour présenter leurs arguments.

Le projet a été modifié pour donner aux deux parties 24 heures afin de présenter leurs arguments, répartis sur trois journées.

Compte tenu du rapport de forces au Sénat, où les républicains contrôlent 53 des 100 sièges, il est peu probable que le procès à venir débouchera sur une destitution du président. Il faudrait pour cela un vote à la majorité qualifiée des deux tiers.

Mais en cette année électorale, Donald Trump et ses défenseurs doivent limiter les risques en vue du scrutin du 3 novembre en présentant cette procédure de destitution comme un nouvel avatar da la "chasse aux sorcières" dont le président républicain se dit victime depuis son arrivée à la Maison blanche.

(version française Arthur Connan et Nicolas Delame, édité par Bertrand Boucey)