Impasse sur le projet de sanctions de l'UE contre la Biélorussie, selon des sources

IMPASSE SUR LE PROJET DE SANCTIONS DE L'UE CONTRE LA BIÉLORUSSIE, SELON DES SOURCES

BRUXELLES (Reuters) - Le projet de l'Union européenne d'imposer des sanctions contre la Biélorussie est dans l'impasse, ont déclaré jeudi des sources diplomatiques, alors que la question est devenue l'objet de manoeuvres politiques internes qu'un représentant européen a décrit comme une menace pour la crédibilité du bloc.

Bruxelles a promis fin août d'imposer des sanctions contre Minsk pour de présumées fraude électorale et violations des droits de l'homme, mais cette promesse s'est heurtée à l'opposition de Chypre, l'un des plus petits membres de l'UE, dont le fonctionnement est basé sur le consensus.

Nicosie ne donnera pas son feu vert à des sanctions contre la Biélorussie tant que le bloc communautaire n'imposera pas aussi des sanctions contre la Turquie, voisin de Chypre, pour une querelle distincte qui a alimenté les tensions en Méditerranée orientale.

Des représentants des Etats membres ont tenté lors d'une réunion mercredi de sortir de l'impasse mais les discussions n'ont pas abouti, alors même que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré dans son discours annuel sur l'état de l'Union que la diplomatie du bloc soit trop souvent paralysée par un système permettant à un seul pays d'opposer son veto aux 26 autres.

"L'UE risque de devenir insignifiante, c'est une menace pour notre crédibilité", a déclaré un représentant européen. "Nous devons aller vers un vote à la majorité qualifiée sur des questions spécifiques, les droits de l'homme, les sanctions".

Alors que l'UE voulait afficher son engagement au respect de la démocratie et des droits de l'homme en sanctionnant la Biélorussie, l'impasse actuelle pourrait modifier la teneur du sommet européen de la semaine prochaine et placer au centre des débats la ligne à présenter face à la Turquie - dure ou non.

Chypre dit ne pas pouvoir soutenir des sanctions contre de hauts représentants biélorusses, après l'élection présidentielle contestée du 9 août, sans que des mesures parallèles soient engagées contre la Turquie.

"Nous n'avons pas d'autre alternative que d'agir ainsi", a déclaré un diplomate chypriote. "Nous n'avons aucun problème à l'égard de l'imposition de sanctions contre la Biélorussie, mais nous considérons que nous avions un consensus politique pour que les deux procédures avancent en parallèle".

(John Chalmers et Robin Emmott, avec Gabriela Baczynska et John Irish; version française Jean Terzian)