"Le veganisme va trop loin" : quel est vraiment l'impact de la consommation de viande sur l'environnement ?

Quel est l'impact réel de la consommation de viande sur le changement climatique ? (Photo : Gamma-Rapho via Getty Images)

Alors que les produits carnés sont ciblés depuis des années comme des facteurs majeurs d'aggravation de la crise environnementale et du réchauffement climatique, peut-on mesurer leur impact réel ? Eléments de réponse.

Consommer beaucoup de viande (de bœuf en particulier) a des conséquences sur l'environnement, et de plus en plus de gens cherchent des alternatives pour réduire leur impact sur le changement climatique. Quantifier les réels bénéfices d'un changement d'alimentation est compliqué : une étude menée en 2019 par des chercheurs de l'Université Johns Hopkins démontrait que le fait de réduire sa consommation de produits d'origine animale en général avait plus d'incidence sur le climat que le fait de ne plus en consommer du tout.

Selon certaines statistiques des Nations Unies, l'industrie de l'agriculture animale représente à elle seule 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre. Une autre étude récente menée par The Lancet a révélé que la consommation quotidienne de viande au Royaume-Uni a diminué de près d'un cinquième au cours des dix dernières années ; bien qu'elle a aussi démontré que les Britanniques consommaient 3,2 g de viande blanche supplémentaires par jour.

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Remplacer la viande n'est pas toujours bénéfique pour l'environnement

"Adopter un régime végétarien peut aussi causer des problèmes environnementaux, affirme Georgina Wilson-Powell, fondatrice et rédactrice en chef du magazine britannique Pebble. Choisir de ne plus consommer de poulet élevé localement et biologiquement au profit d'avocats cultivés au Mexique, dont la culture alimente la déforestation et dont la livraison émet énormément de gaz à effet de serre, n'est pas bénéfique pour l'environnement."

"La culture des amandes possède elle aussi ses inconvénients, ajoute la journaliste. De plus en plus de gens souhaitent abandonner le lait de vache pour se tourner vers les laits végétaux, présentés comme de vraies alternatives santé. Cette tendance cause de vrais problèmes en Californie, où la culture des amandes a intensifié la sécheresse locale."

Si l'Almond Board de Californie soutient que les affirmations selon lesquelles la production d'amandes nécessite plus d'eau que la culture de céréales sont "basées sur de fausses accusations", il est évident que plus la culture de céréales augmente, plus les quantités d'eau nécessaires sont élevées.

"Les aliments à la mode sont très souvent à l'origine de nombreux problèmes, explique Wilson-Powell. Les aliments végans ont une empreinte carbone considérable. Lorsqu'un grand nombre d'individus se tourne vers un aliment en particulier, cela a tendance à générer de gros problèmes dans la région où il est produit."

La viande de bœuf génère 316 fois plus de gaz à effet de serre que les légumes

Bien évidemment, la viande et les produits laitiers posent aussi de gros problèmes environnementaux. Le rapport "Meat Atlas" a démontré que 20 sociétés d'élevage animal émettent plus de gaz à effet de serre que l'Allemagne, le Royaume-Uni ou la France.

Selon l'étude menée par les universitaire de Johns Hopkins mentionnée plus haut, une portion de viande de bœuf génère 316 fois plus de gaz à effet de serre que la production de légumineuses, 115 fois plus que la production d'oléagineux, et 40 fois plus que la production de soja.

Georgina Wilson-Powell précise que "la production de viande ou de produits laitiers mobilise 77 % des terres agricoles. Une grande partie de ces terres est utilisée pour nourrir le bétail. Le problème ne réside donc pas uniquement dans l'impact causé par les animaux eux-mêmes."

"Il faut remonter bien plus loin dans la chaîne logistique pour étudier ce que l'on donne à manger aux animaux et quelle surface agricole est mobilisée pour cela, souligne la journaliste. Il existe également une grande dépendance au soja, et un énorme problème au niveau de l'huile de palme. Une grande partie de ces productions sert à nourrir le bétail plutôt que les êtres humains. L'élevage de bétail a un effet nocif sur la planète."

Quelles solutions ?

Un panel intergouvernemental sur le changement climatique mandaté en 2019 par les Nations Unies recommandait aux Occidentaux de réduire leur consommation de viande afin d'enrayer la déforestation et les effets dus au changement climatique. D'ici à 2050, il faudra produire 56 % de nourriture supplémentaire par rapport à 2010 pour nourrir les 9,8 milliards d'êtres humains qui peupleront la Terre.

Si le niveau de consommation de viande et de produits laitiers augmente comme le laissent supposer les prévisions, il faudra convertir 6 millions de mètres carrés de forêt en terres agricoles, ce qui ira à l'encontre de la protection des forêts nécessaires à la stabilisation du réchauffement climatique. Les mouvements comme le végétarisme ou le véganisme sont-ils pour autant des réponses pertinentes ?

Selon Georgina Wilson-Powell, qui se qualifie elle-même de "flexitarienne", "certains individus pensent que le véganisme va trop loin, c'est pourquoi je suis convaincue que réduire sa consommation de viande et de poisson, et la remplacer autant que possible par des alternatives végétariennes est une bonne idée pour réduire son empreinte carbone."

La journaliste spécialisée recommande d'évaluer son régime alimentaire et de réfléchir à la provenance de notre nourriture pour déterminer son empreinte carbone. Consommer local et de saison est à privilégier autant que possible.

"Ce genre d'informations est disponible n'importe où grâce aux blogs, recettes et calendriers des saisons pour savoir quels fruits et légumes sont à consommer en priorité chaque mois, appuie-t-elle. Acheter des produits de saison est également moins cher, ce qui permet de faire des économies. Si l'on y réfléchit, manger des fraises à Noël n'a vraiment aucun sens !"

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