Immigration, retraites... Ce que proposait Michel Barnier quand il était candidat à la présidentielle
Nommé Premier ministre ce jeudi, Michel Barnier visait l'Élysée deux ans plus tôt. L'ancien ministre proposait à l'époque un programme très à droite.
Michel Barnier a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron ce jeudi 5 septembre. Il va ainsi succéder à Gabriel Attal pour former "un gouvernement de rassemblement" et sera soutenu par le camp présidentiel et les LR. Cette annonce a suscité l'ire de la gauche mais une réaction plus attentiste du Rassemblement national.
Reste à voir quelle politique le nouveau locataire de Matignon entend mener. Michel Barnier a occupé de nombreuses fonctions politiques, dont sénateur, député et député européen.
Après un long séjour bruxellois, il est revenu dans la politique française en 2021 lors de la primaire du parti Les Républicains en vue de l'élection présidentielle. Celui qui se définit comme un "gaulliste social", était arrivé troisième du scrutin avec 23,93% des voix, derrière Éric Ciotti et Valérie Pécresse.
• Retraite à 65 ans
Sujet central des discussions pour trouver une majorité et "ligne rouge" pour de nombreuses formations politiques, de la gauche au Rassemblement national: la réforme des retraites.
En 2021, Michel Barnier plaidait pour un départ à la retraite à 65 ans et pour une augmentation du temps de travail.
Récitant un classique mantra de droite, l'ancien ministre disait vouloir "encourager ceux qui ne travaillent pas à le faire" et "encourager le travail et le mérite, au détriment de l'assistanat", notamment en suspendant les allocations chômage "après deux refus d'une offre raisonnable".
Il proposait également de créer une aide sociale unique pour remplacer les aides sociales actuelles, conditionnée à une disponibilité du bénéficiaire notamment pour "effectuer des activités utiles à la collectivité ou en entreprise".
• Des "économies" et la "maîtrise de la dette"
Michel Barnier promettait à l'époque une "stricte trajectoire d'économies" pour le budget de l'État et une "maîtrise de la dette".
Pour stimuler le "retour du travail et de l'activité, (...) clé de la croissance", il préconisait de réduire les impôts de production de 10 milliards d'euros, et de baisser les charges sociales sur les salaires intermédiaires, de 1,6 à 2,5 Smic -tout en prévoyant d'augmenter les salaires dans les "services publics essentiels de la santé et de l'éducation".
Le désormais nouveau Premier ministre disait aussi vouloir lutter contre la fraude sociale, notamment à l'Assurance maladie, et proposait pour ce faire de remplacer toutes les cartes Vitale par des cartes biométriques, afin d'"économiser des sommes considérables" en supprimant un "véritable nid de fraudes".
• Armer les policiers municipaux et augmenter les places en prison
Depuis le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, Michel Barnier a régulièrement critiqué le chef de l'État et l'accusant notamment d'être responsable de l'augmentation, selon lui, de l'insécurité en France. Pour lui, "Emmanuel Macron a déconstruit la France", citant "l'insécurité, les injustices sociales ou les fractures territoriales" qui ont "prospéré", a-t-il affirmé auprès du Temps.
Ainsi, en vue de la présidentielle de 2022, il appelait à armer toutes les polices municipales et à avoir un recours bien plus large aux drones. Il souhaitait également la création d'au moins 20.000 nouvelles places de prison en cinq ans et la multiplication par quatre des centres éducatifs fermées.
• Un programme très dur sur l'immigration
Durant la primaire de la droite de 2021, les candidats LR étaient largement unanimes sur l'idée de limiter l'immigration. De son côté, Michel Barnier proposait ainsi "un moratoire de 3 à 5 ans" sur l'immigration ce qui permettrait de "stopper immédiatement les régularisations, limiter rigoureusement le regroupement familial et réduire l'accueil des étudiants étrangers".
Il entendait également créer "un bouclier institutionnel" pour garantir le fait que les dispositions ainsi prises ne soient pas annulées par la Cour de justice européenne. Une proposition qui avait largement étonnée pour un ancien commissaire européen et négociateur du Brexit.
Michel Barnier réclamait "l'exécution systématique de la double peine" pour les délinquants étrangers, c'est-à-dire de leur infliger, en plus de la peine judiciaire, une mesure d'exclusion du territoire français et la suspension de l'aide publique au développement lorsqu'un pays n'accueille pas ses ressortissants expulsés.
Le républicain se disait, en outre, favorable à un mur à la frontière polonaise pour "aider le gouvernement polonais à construire une frontière solide".
• Contre le développement de l'éolien
Sur le sujet de la crise climatique, l'ancien négociateur européen voulait mettre en place, une taxe carbone au niveau européen et mettre fin "au développement anarchique de l'éolien qui est en train de massacrer les paysages".
Il disait vouloir "relancer" le nucléaire et investir dans les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, la biomasse, l'hydraulique -mais pas l'éolien "qui fait beaucoup de dégâts".
"On réduira la pollution agricole avec les agriculteurs, pas contre eux. On décarbonera l'économie avec les entreprises, pas contre elles", affirmait en 2021 Michel Barnier, qui proposait un "grand plan national d'isolation des logements".
• L'éducation, grande cause
L'ancien ministre de droite voulait faire de l'Éducation nationale la grande cause de son quinquennat, notamment en dédoublant les classes de primaire dans toutes les zones d'éducation prioritaire (depuis 2017, les classes de CP puis de CE1 sont dédoublées dans les zones d'éducation prioritaire renforcées). Michel Barnier proposait aussi de permettre le recrutement des professeurs directement par les chefs d'établissement, tout en alignant la rémunération des enseignants, qui sont "en première ligne", sur "le niveau observé dans les autres grands pays". Une proposition également émise pour les métiers de la santé.