Réunion entre Macron et les chefs de parti: ce que les oppositions comptent lui dire

Réunion entre Macron et les chefs de parti: ce que les oppositions comptent lui dire

Imaginez Manuel Bompard, coordinateur de LFI ainsi que ses homologues de gauche, Fabien Roussel (PCF), Olivier Faure (PS), Marine Tondelier (EELV), assis aux côtés de d'Hervé Marseille (UDI), Laurent Hénart (Parti radical), Éric Ciotti (LR) et Jordan Bardella (RN) pour une réunion de travail à huis-clos. Le tout en présence d'Emmanuel Macron, les chefs des partis de la majorité (Renaissance, MoDem, Horizons) ainsi que des présidents des deux chambres du Parlement, Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher.

Vous tenez là la scénographie de "l'intiative politique d'ampleur" voulue par le président de la République. Lequel souhaite que cet attelage inédit se traduise par "des décisions immédiates, des projets et propositions de loi mais aussi des projets de référendums", comme il l'a expliqué au Point.

Un absent tout de même dans cette longue liste d'invités: le groupe Liot. Non convié, il a fait savoir son mécontentement en dénonçant un "mauvais signal" qui "apparaît comme une mesure de rétorsion à notre opposition à la réforme des retraites et au dépôt d'une motion de censure, en mars dernier". La disposition avait échoué à renverser la Première ministre Élisabeth Borne à neuf voix près.

Les oppositions viendront avec leur proposition de référendum

Pour les invités, rendez-vous est donné à l'école de la Légion d'honneur de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) à 15 heures. Les échanges se prolongeront lors d'un dîner auquel la Nupes a d'ores et déjà annoncé qu'elle ne participerait pas, dénonçant à ce titre "une mise en scène médiatique".

Emmanuel Macron a précisé les sujets de discussion qui seront abordés. Au menu: "la situation internationale", l'"efficacité" de "notre action publique", "la cohésion de la Nation", mais aussi "la place de l'école", ainsi que les questions "d'intégration", de "pouvoir d'achat et d'inégalité".

Un vaste programme auquel les différents élus ajouteront leur grain de sel, quitte à bousculer l'ordre du jour. "Je n'ai pas l'intention de parler que de ça", a par exemple glissé Manuel Bompard sur France 2 ce mardi. Notant que le chef de l'État ouvrait la porte à des référendums, les oppositions comptent bien profiter de l'occasion pour ressortir leurs propositions sur le sujet: la gauche pousse pour un vote des Français sur les retraites, quand la droite et son extrême font de même sur l'immigration.

BFMTV.com revient en détail sur les différentes mesures souhaitées par les oppositions.

Immigration, pouvoir d'achat et école pour le RN

Jordan Bardella a reçu un appel téléphonique jeudi dernier d'Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avec lui durant une quinzaine de minutes, a appris BFMTV ce mardi. L'occasion pour le patron du Rassemblement national d'évoquer ses priorités en amont de la réunion avec le président de la République. La première: demander l'organisation d'un référendum sur la politique d'immigration de la France, le 9 juin 2024, en même temps que les élections européennes.

"L'urgence de la situation appelle une consultation du peuple français (...) sur notre politique d'immigration, contenant toutes les mesures pour en reprendre le contrôle", écrit le député européen dans son courrier.

Jordan Bardella compte également alerter le président de la République sur le pouvoir d'achat et demander un "moratoire sur toute augmentation d'impôts et de taxes", jusqu'à la fin du quinquennat en 2027. Par ailleurs, le RN plaide pour la "baisse des factures énergétiques et des prix des carburants, la défiscalisation des hausses de salaires jusqu'à 10%, et la suppression de la CVAE (cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, NDLR) afin d'encourager la réindustrialisation".

Enfin, la formation d'extrême droite appelle à "une refonte des "programmes scolaires mettant l'accent sur une haute maîtrise des apprentissages fondamentaux, de la langue française, des sciences et de l'histoire de la Nation". Tout en demandant la "garantie d'une meilleure attractivité de la vocation d'enseignant par une revalorisation supplémentaire".

Rentrée scolaire, écologie et retraites pour la gauche

Dans une lettre commune au président de la République, datée de ce mardi, les quatre formations de la Nupes indiquent qu'elles iront à cette rencontre avec Emmanuel Macron sans "illusion". Elles promettent cependant de formuler des "propositions dans l'intérêt du peuple, et ce, alors que se profile une rentrée difficile".

En ce sens, la gauche évoque l'augmentation du prix des fournitures scolaires, le coût de la vie étudiante, le prix de l'électricité, du carburant et l'inflation sur les produits alimentaires. Autre sujet mis en avant: les conséquences du "changement climatique", illustrées par des "record[s] de chaleur mondial", les "feux", ou encore la "sécheresse".

Comme toutes les oppositions, la Nupes viendra également avec une proposition de référendum. Elle concernera, sans surprise, les retraites.

"C'est ce que les Français ont demandé majoritairement, massivement, pendant des mois et des mois. Donc, c'est le seul référendum que je pourrais appuyer", a expliqué Manuel Bompard.

Si cette demande n'a aucune chance de recueillir l'assentiment du président de la République, elle permet à la gauche de rappeler sa ferme opposition à ce texte et de le mettre une nouvelle fois à l'agenda. Ces derniers mois, elle avait formulé deux demandes de référendum d'initiative partagée pour revenir sur le report de l'âge légal, avant que celles-ci ne soient retoquées par le Conseil Constitutionnel.

Immigration, justice, sécurité pour la droite

Éric Ciotti veut "redonner sans délai la parole au peuple". Le président du parti Les Républicains profitera de la réunion avec Emmanuel Macron pour demander une nouvelle fois l'organisation d'un référendum sur l'immigration, ainsi qu'une modification de la Constitution, obligatoire pour mettre en place une telle initiative.

Le référendum voulu par LR porterait sur une proposition de loi déposée par le parti à la fin mai. Ce texte consiste notamment à inscrire la possibilité de "déroger à la primauté des traités et du droit européen". La droite propose ensuite toute une série de mesures - rétablissement du délit de séjour clandestin, restriction du droit du sol, retour de la double peine - regroupées dans une seconde proposition de loi.

En outre, Éric Ciotti souhaite plaider pour un renforcement de la sécurité et de la justice, la suppression de tous les "droits pour les clandestins", l'uniforme obligatoire à l'école et au collège, la suppression des allocations pour "les parents ayant manqué à leurs devoirs".

Article original publié sur BFMTV.com