Ilias Akoudad, jugé pour le meurtre du policier Éric Masson, condamné à 30 ans de prison
JUSTICE - Son avocate avait fustigé au cours de son réquisitoire une peine qui serait « inhumaine » et « plus longue que sa vie », et son argument a été entendu par la cour. Alors qu’il était jugé depuis deux semaines par la cour d’assises du Vaucluse, Ilias Akoudad a été condamné, ce vendredi 1er mars, à trente ans de prison pour le meurtre du brigadier Éric Masson. Une peine moins lourde que celle requise par l’avocate générale, qui avait demandé la perpétuité. En mai 2021, alors qu’il prenait part à une opération de surveillance d’un point de deal à Avignon, le policier avait été abattu, mortellement atteint par deux balles.
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Dans le détail, le jeune homme a été condamné à 30 ans de réclusion, peine assortie d’une période de sûreté des deux-tiers, pour meurtre sur personne dépositaire autorité publique et tentative de meurtre sur personne dépositaire autorité publique. Ce qui signifie en clair qu’il passera au minimum 20 ans en détention et au maximum 30. Ses deux coaccusés, qui avaient notamment contribué à cacher Ilias Akoudad après les coups de feu mortels, ont eux écopé de trois ans de prison pour Ayoub Abdi et deux pour Ismaël Boujti.
« Toucher à un policier, à un gendarme, c’est blesser la France », a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin après l’énoncé de la peine. « Justice a été rendue », a-t-il ajouté.
Justice a été rendue : le meurtrier du policier Éric Masson est condamné à 30 ans de réclusion criminelle. Toucher à un policier, à un gendarme, c’est blesser la France. https://t.co/IKRTKfiOpM
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 1, 2024
« Un individu ivre de violence, fier du geste accompli »
Avant le verdict de ce vendredi, la culpabilité d’Ilias Akoudad, aujourd’hui âgé de 22 ans, ne faisait plus guère de doute depuis qu’il avait avoué en pleine cour d’assises, lundi 26 février, avoir ouvert le feu sur le fonctionnaire, père de deux enfants. « Oui, c’est bien moi qui ai tiré », mais « je n’ai jamais eu connaissance de la qualité (de policier, ndlr) d’Éric Masson », avait-il expliqué. Et pour cause : la question de circonstances aggravantes liées au statut de personne dépositaire de l’autorité publique a été cardinale dans les débats des deux dernières semaines.
Autre aspect central, qui lui en revanche n’a pas pu être éclairci durant le procès : les raisons de la mort du brigadier de 36 ans. Car tout au long de ses différentes prises de parole, Ilias Akoudad s’est contenté d’affirmer qu’il l’avait pris pour un dealer concurrent. « Je suis un con, j’ai voulu faire mon beau », a notamment affirmé le jeune homme.
Une version bien loin de convaincre l’avocate générale, qui a rétorqué qu’il était « absolument impossible » de confondre Éric Masson et son binôme, Romain, avec des dealers. Et pour cause : au moment fatidique où ils ont croisé la route d’Ilias Akoudad à Avignon, les deux hommes venaient de contrôler une toxicomane dans le cadre d’une opération de surveillance. Pour Florence Galtier, qui avait requis la peine maximale (la perpétuité accompagnée de 22 ans de sûreté), le jeune homme, qu’elle a décrit comme « un individu ivre de violence, fier du geste accompli » a ainsi « exécuté sans sommation » le policier.
« Soit c’est de la vengeance, soit c’est de la justice. »
C’est sur cet aspect que la défense du petit dealer, composée de maîtres Frank Berton et Élise Arfi, s’est notamment organisée, cherchant à instiller le doute sur le fait qu’Éric Masson ait bien montré son brassard « police » ou signifié sa qualité avant qu’on lui tire dessus. Tout sauf un détail puisque sans la circonstance aggravante de meurtre commis sur une personne dépositaire de l’autorité publique, l’accusé n’encourait « plus » que 30 ans de prison et non plus la perpétuité. En l’occurrence, la qualification a été retenue, mais la cour a été plus clémente que les réquisitions du parquet.
Ce qui était loin d’être une gageure dans une affaire particulièrement suivie et médiatisée, dans un contexte où le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a fait de la lutte contre les trafics de drogue une priorité. Ainsi, en marge de l’audience, le délégué départemental d’Unsa-Police Yann Combe a demandé que le verdict « fasse date ». La défense d’Ilias Akoudad, elle, a rétorqué : « Soit c’est de la vengeance, soit c’est de la justice. »
Juste avant que la cour parte délibérer ce vendredi, Ilias Akoudad, lui, s’est contenté d’une ultime prise de parole sobre. « Je veux demander pardon à toute la famille de Monsieur Masson », a-t-il simplement déclaré.
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