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Ile-de-France : quand Pécresse évoque les «choix de Sophie»

Valérie Pécresse, le 5 novembre à Paris.

Devant les militants de la Manif pour tous, la tête de liste de la droite a utilisé la référence du roman de William Styron, dans lequel une mère envoie un de ses enfants vers les chambres à gaz, au sujet des parents d'élèves du privé.

Se méfier des références littéraires, elles sont parfois dangereuses. Samedi dernier, tandis qu’elle se livrait à l’exercice délicat de s’exprimer devant les militants de la Manif pour tous, Valérie Pécresse, tête de liste LR-UDI-Modem-PCD (Parti chrétien-démocrate), a glissé en passant que des parents d’élèves, faute de subventions de la région, ne pouvaient désormais plus mettre tous leurs enfants dans le privé, devenu trop cher. «Quelquefois, a-t-elle dit, ils seront obligés de faire des choix de Sophie, vous savez, ces choix cornéliens, pour choisir l’enfant que vous allez mettre dans le privé.»

Des «choix de Sophie» ? Dans le roman de William Styron intitulé ainsi, le choix que fait Sophie alors qu’elle vient d’arriver à Auschwitz, c’est celui de savoir lequel de ses deux enfants partira vers les chambres à gaz. Sans doute est-ce à cause du caractère dramatique de cette situation que dans le langage courant on n’utilise à peu près jamais cette expression. On parle plutôt de choix «cornélien». Le fait que Chimène, héroïne de Pierre Corneille, ait été déchirée par le dilemme du choix entre son amoureux Rodrigue et son père le roi est suffisamment abstrait pour que nous puissions penser que l’hésitation entre deux paires de chaussures est un choix cornélien. Comme les élections, d’ailleurs.

Pour ce qui relève du choix scolaire, et budgétaire, des parents pour leurs enfants, est-on dans le drame ? En disant «les choix de Sophie, vous savez, ces choix cornéliens», Valérie Pécresse met les deux sur le même plan. A moins qu’elle ne rattrape vite fait cette sottise. Qui sait…



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