"Il ne travaillait pas" : Gérald Darmanin accusé d'avoir eu un emploi fictif
L'ex-député Christian Vanneste suggère que son ancien collaborateur aurait bénéficié d’un emploi inexistant au Parlement européen en 2006-2007.
Pendant 9 mois, Street Press a enquêté sur l'affaire. Selon les informations du média en ligne, le ministre de l’Intérieur français, Gérald Darmanin, serait impliqué dans une affaire d’emploi fictif remontant à 2006 et 2007. À cette époque, l'ex-maire de Tourcoing aurait bénéficié d'un "demi-poste" d’assistant parlementaire européen "pour 1.100 euros mensuels pendant un an et demi".
Gérald Darmanin, collaborateur actif de Christian Vanneste
L'auteur de cette affirmation est Christian Vanneste, ancien député UMP du Nord, interrogé par Laurent Valdiguié et François Vignolle, les deux journalistes auteurs de la biographie "Gérald Darmanin, le baron noir du président".
Officieusement, c'est auprès de lui - Christian Vanneste - que travaille activement Gérald Darmanin : il recrute de nouveaux militants, anime le territoire du Nord (Darmanin est délégué de la 10e circonscription)... Sur le papier, ce travail de collaborateur parlementaire revient à un certain Guy de Chergé. Dans les faits, selon Vanneste, ils "travaillaient à trois".
Or, Christian Vanneste n'avait pas moyen de payer son jeune assistant. "Toubon s’en est chargé", confie-t-il à Streetpress. Car avant d'être le bras droit de Vanneste, Gérald Darmanin venait tout juste de terminer un stage auprès du député Jacques Toubon, en 2005-2006, en parallèle de ses études à l'IEP (Institut d'Études Politiques). Officiellement, pour lui permettre d'être rémunéré, c'est donc auprès de ce dernier que Gérald Darmanin obtient le fameux "demi-poste" d'assistant parlementaire de 2006 à 2007.
🗣️ « En ce qui concerne son emploi chez Toubon, il ne travaillait pas. C’est un fait. »
🔴 Christian Vanneste, ex-mentor de Darmanin, l'accuse d'avoir eu un emploi fictif ⬇️https://t.co/sDuwpuzqi2— StreetPress (@streetpress) September 12, 2023
Aucune trace d'un "travail à mi-temps" chez Jacques Toubon
Du stage chez Jacques Toubon, plusieurs témoins attestent qu'il était bien réel. Du contrat qui a suivi, Streetpress n'a trouvé aucune trace. Aucune mention d'un emploi d'assistant parlementaire, ni sur son CV officiel en ligne, ni dans ses ouvrages déjà publiés, ni dans les archives du Parlement européen.
"En ce qui concerne son emploi chez Toubon, il ne travaillait pas. C’est un fait", assure Christian Vanneste à Streetpress au sujet de Gérald Darmanin qui lui a, par la suite, ravi sa circonscription en 2012 - les deux hommes sont encore brouillés à ce jour. "Je me demande bien quand il aurait pu travailler pour Toubon, quand j’étais à Paris, on passait nos journées ensemble pratiquement".
Néanmoins, le ministre de l’Intérieur ne risque rien pénalement car "la prescription dans ce genre de cas est de six ans", précise Streetpress. Mais le Parlement européen pourrait demander le remboursement des sommes perçues - soit un peu moins de 20 000 euros - dans un délai de cinq ans. Interrogés par les deux auteurs du livre "Gérald Darmanin, le baron noir du président", Jacques Toubon et Gérald Darmanin ont contesté cette accusation. Affaire à suivre.
VIDÉO - Gérald Darmanin, le portrait