Idlib risque de devenir la "prochaine Alep"

PARIS (Reuters) - La ville syrienne d'Idlib risque de devenir "la prochaine Alep" si aucun accord politique et aucun cessez-le-feu n'est conclu, a mis en garde jeudi l'envoyé spécial de l'Onu pour la Syrie Staffan de Mistura. L'évacuation des civils et des combattants des quartiers Est d'Alep, pilonnés depuis des mois par l'armée syrienne et ses alliés, a débuté en direction d'Alep-Ouest et de la ville d'Idlib, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest d'Alep. Jeudi soir, quelque 50.000 personnes se trouvaient toujours dans la partie orientale de la ville, selon l'Onu. Sur les 50.000, "40.000 sont des civils qui vont aller à Alep-Ouest", a dit Staffan de Mistura à la presse à l'issue d'une rencontre à Paris avec le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault. "Pour ceux-là, nous devons être présents pour garantir qu'ils ne seront pas inquiétés", a-t-il ajouté, évoquant le risque de représailles. Les 10.000 restants - parmi lesquels se trouvent entre 1.500 et 5.000 combattants et leurs familles - seront eux évacués vers Idlib, une ville aux mains des islamistes depuis mars 2015. "Nous ne savons pas ce qui va se passer à Idlib", a dit Staffan de Mistura. "S'il n'y a pas de cessez-le-feu ou d'accord politique, Idlib sera la prochaine Alep." Face à la confusion entourant l'évacuation et au risque d'exactions, la France a demandé la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu, qui se tiendra vendredi. "La situation est catastrophique", a estimé Jean-Marc Ayrault. "La France a demandé une réunion non pas dans le but de faire adopter une nouvelle résolution mais pour examiner concrètement le déploiement d observateurs sur place, pour s'assurer qu'il n'y a aucune exaction, aucun règlement de comptes, que les populations civiles sont protégées." A l'heure actuelle, le nombre d'observateurs déployés reste insuffisant, a abondé Staffan de Mistura. "Il y a déjà la présence de certains de nos collègues mais pas assez", a-t-il dit. (John Irish, édité par Marine Pennetier)