Ian Brossat s'explique après sa réplique polémique à Rachida Dati

Ian Brossat s'explique après sa réplique polémique à Rachida Dati (Photo: @YoutubeConseildeParis)
Ian Brossat s'explique après sa réplique polémique à Rachida Dati (Photo: @YoutubeConseildeParis)

POLITIQUE - “Ce que nous exigeons de nos enfants, le respect, on doit se l’appliquer à soi-meme.” Ian Brossat persiste et signe. L’adjoint PCF à la mairie de Paris est pointé du doigt par plusieurs responsables politiques pour avoir vertement demandé à Rachida Dati de se taire pendant qu’il répondait à une question d’un élu socialiste, mercredi 13 octobre, au conseil de Paris.

“Madame Dati, c’est moi qui parle. Et en l’occurence, même quand j’étais prof à Sarcelles, les élèves se taisaient, donc vous allez faire pareil”, a-t-il lancé dans un premier temps à l’ancienne garde des Sceaux, avant de revenir à la charge face à ses protestations, comme vous pouvez le voir ici (à partir de 5h51): “je maintiens, tout le monde sait dès l’âge de huit ans que quand on parle, on n’interrompt pas. Je ne vous interrompt pas, vous ne m’interrompez pas, quelque soit le lieu, l’endroit.”

Et d’ajouter encore: “vous n’êtes pas là pour raconter votre vie, je suis ici pour parler logement.” Une séquence de plus de 3 minutes 30 de brouhaha total, résumée en quelque secondes sur les réseaux sociaux, et dénoncée par de nombreuses figures politiques, de droite, comme de gauche, le tour sur fond d’accusation de “mépris de classe.” Même la ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, s’est fendue d’un tweet et d’un émoji rouge de colère.

Une sortie “rance” pour Schiappa

“Quand on est une femme en politique et qu’on n’a pas grandi dans la soie, même quand on a été Ministre, Maire, figure importante de son parti, il y a toujours un type pour nous ramener à une condition ‘d’élève de Sarcelles’”, a-t-elle ainsi écrit sur les réseaux sociaux, qualifiant la réplique de Ian Brossat de “rance.”

À droite, rares sont ceux à ne pas avoir exprimé leur “colère” ou leur ”écœurement” face à des propos “indignes”. “Mépris de classe, attaque ad hominem... voilà le pire de la gauche. Celle qui donne des leçons mais qui rabaisse, qui insulte, qui humilie”, a par exemple écrit Christian Jacob, mercredi soir, à l’unisson de ses collègues en “soutien” à Rachida Dati.

La principale intéressée avait déjà dénoncé des mots “honteux vis-à-vis des enfants, des enseignants qui travaillent à Sarcelles”, en séance. “Nous sommes tous heurtés ici par les propos qui viennent d’être tenus”, avait-elle lancé, en remerciant des “adjoints” qui lui envoyaient des messages de solidarité.

À gauche aussi, la déclaration de Ian Brossat suscite quelques crispations. “Je trouve cette remarque très spécieuse. Entre le renvoi d’une élue au statut d’élève et la référence au quartier... je ne sais pas”, a ainsi tweeté Sandrine Rousseau, quand l’eurodéputé écolo David Cormand s’est dit “dubitatif”, toujours sur les réseaux sociaux, regrettant de voir son collègue de gauche réduire “les élèves de Sarcelles -et des villes et quartiers populaires en général” à leur “conduite.”

“C’est grotesque”, réagit Ian Brossat

Contacté par Le HuffPost, l’adjoint au Logement revient sur cette séance particulièrement houleuse au conseil de Paris... et la polémique qui en découle. S’il explique avoir été “exaspéré” par la situation, il ne regrette pas grand-chose à sa réplique. “Cela ne s’entend pas forcément sur la vidéo de la séance, car le son et la caméra sont focalisés sur l’orateur, mais Rachida Dati, comme elle en a l’habitude, couvre systématiquement la voix de l’élu qui m’interroge sur l’assurance habitation que la ville de Paris va mettre en place”, explique-t-il.

“Je ne suis pas assis très loin d’elle et je n’entends rien à la question qui m’est posée. Je réponds et Rachida Dati couvre également ma voix en criant ‘braquage’”, raconte l’élu communiste. À ce moment-là, “exaspéré, il faut bien le dire, par le fait que je ne peux pas enchaîner trois mois, je rappelle, que j’ai enseigné plusieurs années, et que dans le cadre d’une classe, les gens sont plus calmes, je le confirme.” Et Ian Brossat de marteler: “Chacun le sait, quand on est dans une discussion, même en famille, on attend d’avoir la parole. Quand on ne l’a pas, on se tait.”

Quant aux accusations en mépris de classe, elles sont “grotesques” selon ses mots. “Il se trouve que j’étais professeur à Sarcelles, uniquement, j’ai eu un poste fixe. Si j’avais été prof dans le 7e, c’est ce que j’aurais cité”, nous dit-il, en précisant: “J’ai toujours entretenu de bonnes relations avec Rachida Dati, je la respecte et je l’estime.” Ce que la principale intéressée répétait également la veille au conseil. Gageons que tout ceci soit plus flagrant à l’avenir.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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