Hvaldimir : ce qu’on sait de la vie et de la mort du « béluga espion » découvert en Norvège en 2019

Sur cette photo prise en avril 2019 et publiée par la Direction norvégienne des pêches, le béluga nommé « Hvaldimir » avait été trouvé portant un harnais au large des côtes du nord de la Norvège.
JORGEN REE WIIG / AFP Sur cette photo prise en avril 2019 et publiée par la Direction norvégienne des pêches, le béluga nommé « Hvaldimir » avait été trouvé portant un harnais au large des côtes du nord de la Norvège.

INTERNATIONAL - Un cétacé objet de tous les fantasmes. Retrouvé mort fin août en Norvège, le célèbre béluga baptisé Hvaldimir fait ce mercredi 25 septembre l’objet d’un documentaire diffusé sur Canal+ à 21 heures qui promet de raconter sa « véritable histoire », quelques semaines seulement après son décès.

Hvaldimir et le béluga joueur de rugby sont bel et bien le même animal

Découvert par le monde entier en 2019, affublé d’un étrange harnais lui valant presque immédiatement d’être soupçonné de liens avec la marine russe à des fins d’espionnage, ce béluga a depuis fait l’objet de nombreux combats pour sa protection et sa survie. Avant d’être retrouvé mort dans le sud-ouest de la Norvège. Le HuffPost fait le point sur ce que l’on sait de ce cétacé pas comme les autres, dont la vie et la mort laissent planer l’ombre de nombreuses interventions humaines.

· « Equipment St.Peterburg »

Avril 2019. Au large de la région arctique du Finnmark, dans le Grand nord norvégien, des biologistes alertés par des pêcheurs font la rencontre d’un béluga équipé d’un harnais fixé autour de sa tête. Rapidement, l’équipe de scientifiques à l’origine de sa découverte parvient à lui enlever l’équipement sur lequel se trouvait un socle pour une petite caméra.

Sur les lanières en plastique de ce dispositif plus qu’inhabituel sur un cétacé vivant en milieu naturel, l’inscription « Equipment St.Peterburg » avait été imprimé en anglais. Alors âgé de 14 à 20 ans selon les estimations, il sera rapidement baptisé « Hvaldimir », un jeu de mots associant le mot baleine (hval, en norvégien), et l’emblématique prénom que porte le maître du Kremlin, Vladimir Poutine.

· Animal espion

À l’époque, le premier objectif est de comprendre la provenance de cet animal qui vit habituellement au nord du globe, près du Groenland, ou dans les eaux de l’Arctique russe ou norvégien. Rapidement, le directorat norvégien des pêches avait émis l’hypothèse que Hvaldimir s’était échappé d’un enclos, et qu’il avait été entraîné par la marine russe, vu qu’il semblait habitué à la compagnie humaine et avait tendance à s’approcher des navires.

Les mois suivants, la théorie d’un béluga espion pour la Russie fait son chemin, sans que Moscou ne fasse la moindre déclaration sur ces spéculations occidentales. « Si ce béluga vient de Russie − et il y a de fortes raisons d’y croire − alors ce n’est pas le coup des scientifiques mais plutôt de la marine russe », estimait en 2019 Martin Biuw, océanographe et membre de l’institut norvégien de recherches maritimes. Un mystère qui demeure entier à ce jour.

· Comportement étrange

En 2023, après trois ans à descendre lentement du nord de la Norvège, l’animal − suivi notamment par l’ONG OneWhale − s’était progressivement dirigé vers le sud, s’éloignant de son environnement naturel. Un comportement inexpliqué qui l’avait finalement conduit jusqu’à la côte ouest de la Suède.

Un motif d’angoisse important pour les ONG et les scientifiques, chargés de préserver l’animal des curieux et de pêcheurs potentiellement mal intentionnés. Ils étaient alors inquiets de voir le cétacé si loin de sa zone d’alimentation habituelle. D’autant que Hvaldimir commençait à montrer des signes de perte de poids.

· Macabre découverte

Le 31 août 2024, le mammifère est retrouvé sans vie dans la baie de Risavika, sur la côte sud-ouest de la Norvège. « J’ai retrouvé Hvaldi mort hier alors que je le cherchais, comme d’habitude », a raconté Sebastian Strand, fondateur de l’ONG Marine Mind, dans un message à l’AFP. « Nous avons eu la confirmation qu’il était en vie un peu plus de 24 heures avant de le trouver flottant sans bouger. »

À cet instant, les causes de sa mort sont encore inconnues et aucune blessure conséquente n’est repérée lors d’une première inspection du corps. « Nous avons réussi à récupérer sa dépouille et à la placer dans un endroit refroidi, en vue d’une nécropsie par l’institut vétérinaire qui pourra aider à déterminer ce qui lui est réellement arrivé », ajoutait le spécialiste.

Le 4 septembre, les organisations de défense des animaux NOAH et One Whale décident de porter plainte, en affirmant que le béluga a été tué par arme à feu. Pour appuyer leur théorie, Regina Crosby Haug de One Whale affirme qu’« il avait de multiples blessures par balle sur le corps », après avoir vu la dépouille. « Les blessures de la baleine sont alarmantes et d’une nature qui ne peut exclure un acte criminel. Elles sont choquantes », commente la leader de NOAH, Siri Martinsen.

· Mort naturelle ou acte criminel ?

Pourtant, l’ONG Marine Mind, qui avait découvert l’animal sans vie, estimait que « rien ne laissait immédiatement transparaître les causes de la mort ». Pour son leader, Sebastian Strand, certaines marques étaient probablement dues à la prédation d’oiseaux marins. Même si d’autres restaient à ce stade inexpliquées.

Revirement de situation le 9 septembre, lorsque la police norvégienne affirme, sur la base d’un rapport d’autopsie préliminaire, que rien n’indique que sa mort était due à une « activité humaine ». « Aucun résultat de l’autopsie n’indique que Hvaldimir a été abattu », a indiqué un responsable de la police, faisant d’ailleurs état de blessures « totalement superficielles ».

La police estime plutôt que le béluga est mort de faim. Dans le rapport, qui n’explique pourtant pas concrètement les causes du décès, il est précisé qu’un bâton de 35 centimètres de longueur et 3 centimètres d’épaisseur s’était logé dans la gueule du cétacé.

« L’autopsie a révélé que son estomac était vide. De plus, la plupart des organes étaient dégradés » précise également la police norvégienne. « L’une des blessures est un peu plus profonde, mais ces dommages n’ont pas affecté d’organes vitaux et ne sont pas de nature mortelle ». Des preuves suffisantes, selon eux, pour refuser d’ouvrir une enquête sur les causes de la mort de Hvaldimir.

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