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Nicolas Hulot à l'épreuve du pouvoir

Nicolas Hulot, numéro trois du premier gouvernement d'Emmanuel Macron, va être rapidement confronté à l'épreuve du pouvoir avec le dossier hautement symbolique de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. /Photo prise le 18 mai 2017/REUTERS/Benoit Tessier

PARIS (Reuters) - Porte-parole très médiatique de la défense de la nature, Nicolas Hulot, numéro trois du premier gouvernement d'Emmanuel Macron, va être rapidement confronté à l'épreuve du pouvoir avec le dossier hautement symbolique de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui a empoisonné le dernier quinquennat. "Je souhaite bon courage à M. Hulot", a déclaré à Reuters le député Arnaud Leroy, qui a été un des conseillers du chef de l'Etat pendant la campagne présidentielle sur les questions de développement durable et d'écologie. "Je trouve bien que Nicolas Hulot se confronte à la réalité et on verra la différence entre le discours et les actes", a-t-il ajouté. "Il y a des réalités économiques et industrielles." Selon le président de l'organisation de défense de l'environnement WWF, Pascal Canfin, proche de Nicolas Hulot, le ministre d'Etat de la Transition écologique a posé "quelques conditions" à son entrée au gouvernement. "N'imaginez pas une seconde que Notre-Dame-des-Landes peut se faire avec Nicolas Hulot ministre d'Etat", a-t-il déclaré à France Inter. Emmanuel Macron a annoncé pendant la campagne présidentielle son intention de nommer un médiateur et de trancher ensuite dans les six mois sur la construction du très controversé aéroport qui doit remplacer celui de Nantes, saturé. "Je prendrai ma décision (...) avec malgré tout en tête le fait que la concertation locale a donné un avis favorable. Donc il faudrait des éléments forts pour que nous y revenions", avait-il dit le 9 février lors d'une audition par le WWF. Il avait précisé qu'un des éléments pris en compte serait la nécessité d'éviter toute violence, alors que les opposants à ce projet vieux de plusieurs décennies occupent le site. Selon Pascal Canfin, la nomination d'un médiateur est l'une des garanties obtenues par Nicolas Hulot, l'idée étant de "tout faire pour trouver des projets alternatifs", dont la remise à l'étude de l'agrandissement de l'aéroport actuel de Nantes. NUCLÉAIRE Interrogé par la même radio, le nouveau Premier ministre, Edouard Philippe, jusqu'ici partisan du nouvel aéroport, a botté en touche : "Je ne considère pas que, aujourd'hui, on soit en mesure de prendre un choix éclairé. Il a cependant confirmé qu'un médiateur étudierait l'ensemble des options sur la table. Notre-Dame-des-Landes n'est pas le seul sujet de friction potentiel entre Nicolas Hulot et le chef du gouvernement, qui a travaillé plusieurs années pour le groupe Areva et est plutôt considéré comme un pro-nucléaire. "Nous allons aborder cette question avec pragmatisme, sans dire de façon doctrinale 'c'est très bien' ou 'c'est très mal'", a déclaré Edouard Philippe à France Inter. "En essayent d'atteindre les objectifs qui sont fixés par le président de la République, c'est-à-dire une approche fondée sur la sûreté et la sécurité du nucléaire et un développement rapide, massif, visible des énergies renouvelables." Il a laissé entendre que Nicolas Hulot, qui est chargé de la politique de l'énergie, ne serait pas seul à avoir son mot à dire concernant la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité en France. Il a ainsi rappelé que l'Etat était actionnaire des principaux groupes concernés. Ces participations "sont gérées par l'Agence des participations de l'Etat et (...) les décisions du gouvernement sont fondées sur une discussion entre le gouvernement et des arbitrages pris par le Premier ministre", a-t-il ajouté. Selon Pascal Canfin, le rang de ministre d'Etat de Nicolas Hulot lui permettra aussi d'avoir son mot à dire sur des sujets n'entrant pas strictement dans le périmètre de son ministère, comme l'agriculture, l'industrie ou la fiscalité. Mais "un ministre ne pose pas de condition, ni au Premier ministre ni au président de la République", a pour sa part déclaré le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, lors du compte rendu du premier conseil des ministres. (Cyril Camu et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)