HPI : que dit vraiment la science des champions du QI ?
Ne dites plus surdoué, mais HPI, pour haut potentiel intellectuel. Cette nouvelle identification d'une population caractérisée par un quotient intellectuel de plus de 130 points continue pourtant de véhiculer de nombreux stéréotypes qui les décrivent comme hypersensibles, anxieux et rencontrant des difficultés sociales. Car un décalage existe entre la perception si répandue du HPI à problèmes et les données scientifiques. Décryptage.
Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°931, daté septembre 2024.
"Je connaissais déjà mon alphabet à 2 ans et en grande section je savais lire", raconte le jeune Sébastien, 12 ans et aujourd'hui en classe de cinquième. Comme environ 2 % de la population, Sébastien est identifié haut potentiel intellectuel (HPI) - un terme qui a remplacé "surdoué", jugé trop stigmatisant par les spécialistes.
"On ne parle pas de diagnostic pour le HPI mais d'identification, car ce n'est pas un trouble ", avertit la docteure en psychologie Catherine Cuche, spécialiste du HPI et coautrice de Tout savoir sur le haut potentiel (Mardaga, 2021). Le HPI ne serait donc pas une source de souffrance en soi, à l'inverse des nombreux stéréotypes qui décrivent ces personnes comme hypersensibles, plus anxieuses voire dépressives et rencontrant des difficultés sociales. Les études scientifiques montrent au contraire que le HPI est plutôt un facteur protecteur. "Contrairement aux idées reçues, le HPI a tendance à diminuer le risque de développer de l'anxiété, un syndrome de stress post-traumatique, ou même la schizophrénie ", énumère Nicolas Gauvrit, enseignant-chercheur en sciences cognitives à l'université de Lille.
Alors, pourquoi ce décalage entre la perception si répandue du HPI à problèmes et les données scientifiques ? "Dans le cursus de psychologie, moins d'une heure est consacrée au HPI, donc les professionnels se forment essentiellement avec les livres grand public ", regrette le chercheur. Un des best-sellers à avoir lancé le mouvement est Trop intelligent pour être heureux (Odile Jacob, 2008) de la psychologue clinicienne Jeanne Siaud-Facchin. Le haut potentiel y est décrit comme "indissociable de l'extrême sensibilité ", et source de "fragilité psychologique ". Or, "14 études et au moins trois méta-analyses concluent au contraire qu'il y a plutôt moins d'anxiété chez les HPI ", relève Nicolas Gauvrit.
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