"Honte" ,"désastre", "blessure démocratique"... La classe politique indignée après la démission du maire de Saint-Brévin
De nombreux élus de gauche se sont dits scandalisés par la situation, et en ont profité pour pointer du doigt le comportement du Rassemblement national.
Une annonce qui fait réagir jusqu'aux plus hautes sphères de l'État. Ce jeudi, la Première ministre Élisabeth Borne a jugé "très choquant" l'incendie du domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins, Yannick Morez (DVD), en lien avec le déménagement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile, qui a provoqué sa démission ce mercredi.
Dans la foulée, c'est Emmanuel Macron en personne qui a réagi à l'affaire sur son compte Twitter. "Les attaques contre Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins, et contre sa famille, sont indignes", prévient-il.
"À cet élu de la République, à son épouse et ses enfants, je redis ma solidarité et celle de la Nation", ajoute le chef d'État.
L'inaction de l'État pointée
Cette ultime réaction vient s'ajouter aux dizaines de messages indignés d'élus et représentants de gauche ces dernières heures.
"Tout mon soutien à Yannick Morez, maire de Saint-Brévin, qui a été la cible de l'extrême droite. Après des menaces de mort, son domicile a été incendié. L'inaction de l'État est une honte absolue. Qu'attend-t-il pour agir?", a tweeté Fabien Roussel, le patron du PCF, à propos de l'élu qui s'est plaint du "manque de soutien de l'État" dans cette affaire.
"C'est une honte que l'État n'ait pas pris la mesure de ce qui lui arrivait et ne l'ait pas conforté. C'est une honte de continuer à banaliser l'extrême droite", a réagi de son côté sur le même réseau social Olivier Faure, premier secrétaire du PS.
De son côté, la responsable d'EELV Marine Tondelier, jugeait: "la République recule".
L'eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place Publique) a de son côté dénoncé un "désastre" tandis que la députée LFI Clémentine Autain regrettait que ces élus soient "abandonnés à leur sort" par le pouvoir.
Le RN critiqué
Pour de nombreux élus de gauche, cet épisode a une nouvelle fois été l'occasion de pointer leurs homologues du RN. Mercredi à l'Assemblée nationale, le député Nupes Jérôme Guedj a évoqué le cas du maire, provoquant une salve d'applaudissement de tous les députés présents, sauf ceux du parti d'extrême droite. "L’hémicycle s’est levé…sauf le RN", fustige-t-il sur Twitter.
Sur le même réseau social, les deux élus LFI Thomas Portes et Antoine Léaument ont également commenté la séquence. "Malgré leurs cravates, ils restent les mêmes. À vomir", dit le premier, tandis que le second souligne "la honte" des députés du parti de Marine Le Pen.
Marine Le Pen dit avoir averti
Cette dernière, justement, ce jeudi matin, a également réagi à l'affaire. "Les agressions et intimidations à l’égard des élus sont inadmissibles!", commence-t-elle.
Dans un second message publié à la mi-journée, la cheffe des députés RN à l'Assemblée nationale a assuré avoir déjà averti, en décembre 2012, sur la montée des violences de la part de groupuscules extrémistes, de tous bords politiques."
"Depuis, aucune mesure n’a été prise, aucune action n’a été menée. À nouveau, j’appelle le gouvernement à agir", martèle-t-elle dans son message, accompagné du courrier qu'elle avait envoyé à ce sujet à la Première ministre.
"Blessure démocratique"
Du côté de la majorité, la présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée, Aurore Bergé, a apporté son "soutien" au maire, l'assurant sur France Inter de la "solidarité absolument indéfectible" de l'État.
"Si jamais il y avait eu des manquements, évidemment, je pense qu'on saura exactement et précisément ce qu'il s'est passé", a-t-elle expliqué, rappelant qu'"il faut impérativement que nos préfets soient en soutien, je sais qu'ils le sont". Mais, a-t-elle ajouté, "la meilleure des réponses à ce drame, c'est que ce projet (de centre d'accueil) puisse exister".
Interrogé également sur l'absence de soutien dénoncé par cet élu, le député Renaissance Sacha Houlié a de son côté estimé sur RMC que "si il l'a ressenti, c'est que c'était probablement en partie vrai".
Finalement, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a évoqué une "blessure démocratique."
"Quand la démocratie est en danger, nous devons tous être à son chevet. Tout mon soutien à Yannick Morez, Maire de Saint-Brévin, harcelé par l'extrême droite", dit-elle.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Réfugiés: vague d'indignation après la démission du maire de Saint-Brévin