"Honte collective", "indifférence": Cazeneuve, Philippe et Valls prennent la parole sur l'antisémitisme

Un appel à ne pas banaliser l'antisémitisme. Édouard Philippe, Bernard Cazeneuve et Manuel Valls, tout trois anciens Premier ministre, au sein des gouvernements de François Hollande ou d'Emmanuel Macron, appellent ce dimanche 5 novembre à lutter contre l'antisémitisme, qualifié de "honte collective" par les deux premiers, quand le troisième s'inquiète d'une "indifférence" sur le sujet, après les attaques du 7 octobre en Israël.

"Les actes antisémites qui reviennent dans nos rues et sur Internet sont une honte collective: ils nient ce que nous sommes, ils crachent notre histoire et exigent une réponse intraitable de la République", dénoncent en choeur Bernard Cazeneuve et Édouard Philippe.

"Ceux qui préfèrent se terrer dans l'indifférence face à la barbarie sont des lâches", assure de son côté Manuel Valls.

Dénoncer une "haine fanatique"

Dans une tribune parue dans La Tribune Dimanche, Bernard Cazeneuve, ancien membre du Parti socialiste, et Édouard Philippe, président du parti Horizons, appartenant à la majorité présidentielle, choisissent de prendre la parole "d'une seule voix", malgré leurs différences politiques.

Les deux hommes politiques expliquent cette démarche par la situation actuelle, estimant que l'Hexagone fait l'objet de "menaces que seule la nation lucide et unie peut affronter et repousser" et connaît des "temps obscurs".

De fait, dénonçant les attaques du 7 octobre menées par le Hamas en Israël, "la pire tuerie antisémite depuis la Seconde guerre mondiale", les deux anciens chefs de gouvernement s'inquiètent de la "haine fanatique qui a causé tant de malheurs".

887 événements et incidents antisémites ont été signalés et 442 interpellations ont été effectuées, depuis les attaques du 7 octobre, selon une source policière à BFMTV.

L'appel à une solution à deux États

"Que peut, que doit faire la France, qui est l'amie des peuples israélien et palestinien?", s'interrogent-ils, tout en encourageant de "réactiver l'idée de la solution à deux États".

Pour la France, les deux politiciens appellent à "préserver son unité et ce qui la fonde" en refusant "le communautarisme" et en "combattant le totalitarisme qu'est l'islamisme".

Les deux politiciens appellent en faveur d'une voie médiane, estimant à la fois qu'Israël a "le droit de riposter au Hamas", mais aussi "qu'aucun pays ne peut mener des opérations militaires massives provoquant la mort de civils".

Un "silence de trop" sur l'antisémitisme

Vendredi, dans La Tribune, c'est Manuel Valls, ex Premier ministre de François Hollande, qui appelle, lui aussi dans une tribune, à un réveil des consciences sur l'antisémitisme en France.

Dénonçant lui aussi des "actes effrayants", l'ancien député socialiste s'alarme d'une potentielle "indifférence" de la population française face à cette situation.

"Ce désintérêt me désole", dit-il, en dénonçant un "silence de trop" et une tendance à ne pas choisir entre "sympathie" et antipathie".

"Pas un Français ne doit pouvoir se taire. La lutte contre la haine des juifs n'est pas un combat des juifs pour eux-mêmes, mais un combat de toute la nation, d'une civilisation démocratique", appelle-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com