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La Hongrie pourrait être le premier pays de l'UE à relever ses taux d'intérêt depuis la pandémie

LA HONGRIE POURRAIT ÊTRE LE PREMIER PAYS DE L'UE À RELEVER SES TAUX D'INTÉRÊT DEPUIS LA PANDÉMIE

par Krisztina Than et Gergely Szakacs

BUDAPEST (Reuters) - La Banque nationale de Hongrie a évoqué la possibilité d'un relèvement de son taux directeur en juin pour contenir l'inflation alors que l'économie se remet de l'impact de la pandémie de COVID-19, ce qui ferait de la Hongrie le premier pays de l'Union européenne à entamer un resserrement de sa politique monétaire.

Barnabas Virag, le vice-gouverneur de la banque centrale, a annoncé lundi que la politique monétaire entrerait dans une nouvelle phase à partir de juin, avec la redémarrage complet de l'économie, et que l'institution ajusterait ses taux à court terme de façon proactive pour faire face aux risques croissants d'inflation.

Il a déclaré que des hausses de taux pourraient intervenir avant toute décision concernant les rachats d'actifs et que le chiffre de l'inflation en juin serait déterminant pour l'évaluation des risques.

L'économie hongroise devrait enregistrer une croissance à deux chiffres au deuxième trimestre tandis que l'inflation a atteint en avril 5,1% sur un an, son plus haut niveau depuis 2012.

Pour soutenir l'économie, la Banque nationale de Hongrie, dont le gouverneur György Matolcsy est un proche du Premier ministre Viktor Orban, a progressivement réduit son taux directeur, actuellement à 0,6%, un plus bas historique.

"Cette (nouvelle phase de la politique monétaire) sera un processus déterminé par les données, en plusieurs étapes (...) et la possibilité d'une hausse de taux mérite d'être évaluée dès le mois de juin", a déclaré Barnabas Virag.

Ses commentaires ont fait grimper le forint au plus haut en neuf mois face à l'euro tandis que les rendements des emprunts d'Etat hongrois ont bondi.

REPRISE ROBUSTE EN VUE CETTE ANNÉE

Une forte augmentation de la demande devrait porter la croissance à près de 6% cette année, selon le vice-gouverneur.

"Un bond de l'inflation érode les revenus (...), le pouvoir d'achat de l'épargne des ménages, et pourrait également compromettre la reprise", a-t-il dit.

Les risques inflationnistes se sont nettement accrus depuis mars, a-t-il estimé, ajoutant que la banque centrale ferait tout pour en éviter les effets secondaires même si l'inflation devrait reculer sous 4% cet été.

"Nous ne devons pas sous-estimer les risques d'une hausse durable de l'inflation et nous réagirons aux risques de manière proactive", a indiqué Barnabas Virag.

Il a ajouté que l'institution monétaire s'adapterait aux risques d'inflation durable en modifiant le taux directeur tandis que le taux de dépôt à une semaine, à 0,75%, sera utilisé pour faire face aux chocs à court terme des primes de risque.

Une accélération plus importante que prévu de l'inflation en République tchèque y renforce également les perspectives d'un relèvement de taux dans l'année. L'emballement des pressions sur les prix en Europe centrale, que la levée des restrictions sanitaires devrait accentuer, s'explique en grande partie par la hausse des cours du brut et des aménagements fiscaux.

Barnabas Virag a précisé que la banque centrale hongroise maintiendrait les achats d'obligations de 60 milliards de forints par semaine et qu'elle pourrait les augmenter en cas de turbulences sur les marchés.

(Laetitia Volga, édité par Jean-Stéphane Brosse)