La police anti-émeutes disperse des manifestants à Hong Kong

LA POLICE ANTI-ÉMEUTES DISPERSE DES MANIFESTANTS À HONG KONG

par Sarah Wu et Clare Jim

HONG KONG (Reuters) - La police anti-émeutes de Hong Kong a fait usage mercredi de gaz lacrymogène pour disperser des milliers de manifestants protestant contre le projet de loi de sécurité nationale que la Chine souhaite imposer dans le territoire semi-autonome.

Des forces de l'ordre avaient été auparavant déployées autour du Conseil législatif, le mini-Parlement du territoire, pour dissuader les activistes qui avaient appelé à manifester contre un projet de loi visant à criminaliser le non-respect de l'hymne chinois, sur fond de tensions croissantes à propos du respect des libertés dans l'ex-colonie britannique.

La scène observée dans les rues, avec des personnes de tout âge, certains vêtus de noir, d'autres en costume-cravate ou encore d'autres cachant leur visage sous des parapluies ouverts, a ravivé le souvenir des vastes protestations ayant secoué la ville l'an dernier.

La police dit avoir procédé à environ 340 arrestations, la plupart pour rassemblement illégal.

A la nuit tombée, de nombreux protestataires continuaient de sillonner les rues de la ville.

"Même si on a peur (...), on doit s'exprimer", a déclaré Chang, un salarié de 29 ans, vêtu de noir, venu manifester avec un casque et des lunettes.

Soucieux d'éviter les scènes de chaos, beaucoup de magasins, de banques et de bureaux avaient fermé plus tôt que d'habitude.

TRUMP MENACE

Les manifestations pro-démocratie ont repris dans le territoire semi-autonome après la présentation la semaine dernière par la Chine d'un projet de loi de sécurité nationale destiné à lutter contre les activités sécessionnistes, subversives et terroristes ainsi que contre les ingérences étrangères.

Aux yeux des contestataires, il s'agit d'une manoeuvre de Pékin pour limiter les libertés qui ont permis à Hong Kong de devenir un important centre financier.

Le texte visant à encadrer l'utilisation de l'hymne national chinois prévoit des peines allant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et des amendes pouvant atteindre 50.000 dollars de Hong Kong (environ 5.900 euros) pour toute personne "insultant" l'hymne. Il est présenté au parlement en deuxième lecture mercredi, avant une promulgation attendue le mois prochain.

Les Etats-Unis, l'Australie, la Grande-Bretagne, le Canada et d'autres pays ont exprimé leur inquiétude sur le projet de loi sur la sécurité nationale.

Les autorités chinoises et la cheffe de l'exécutif local, Carrie Lam, estiment en revanche que ce projet de loi ne porte pas atteinte aux libertés.

Le président américain Donald Trump, déjà en désaccord avec Pékin sur le commerce et l'épidémie de coronavirus, a déclaré mardi que les Etats-Unis annonceraient cette semaine des mesures à l'égard de la Chine sur le sujet.

La Chine, qui avait déjà menacé les Etats-Unis de représailles en réponse à d'éventuelles sanctions américaines, a de nouveau réagi mercredi.

(avec Scott Murdoch; version française Jean Terzian et Claude Chendjou)