Homophobie en tribunes : tout sauf banal
Lors du dernier Classique, la démonstration du PSG a été entachée par des chants homophobes, longtemps entonnés par les différentes tribunes de l’enceinte. Alors que le sujet de l’homophobie dans le football est revenu sur la table, qu’en est-il de la vraie lutte sur le terrain, au-delà des belles phrases dans les médias ?
On devrait plus souvent s’inspirer des fans irlandais, s’époumonant à l’unisson sur Zombie des Cranberries après la victoire du XV au Trèfle face à l’Afrique du Sud samedi soir au Stade de France. Le lendemain, dans l’autre grande enceinte francilienne, alors que le PSG écrasait l’OM lors du Classique, le virage Auteuil a chambré copieusement les Phocéens, à grands coups de chants homophobes. Un triste spectacle, tout sauf inédit. Mais ce qui a retenu l’attention, c’est que les chants en question ont été repris par une très large partie du public parisien. S’agissant d’une rencontre ultra-exposée, le sujet s’est vite invité au menu politique de la semaine, quand bien même ces chants pullulent dans tous les stades français, et ce, depuis toujours. « J’avais la sensation d’un déjà-vu, tant dans les chants que dans les réactions ensuite, souffle Lucile, membre des Dégommeuses, une équipe associative qui a fait de la lutte contre les discriminations son cheval de bataille, et qui ne cache pas sa lassitude. En 2019, la réponse avait été de suspendre les matchs, sans qu’il y ait spécifiquement de réflexion sur la pédagogie, les actions de terrain. Cette fois-ci, c’est vers le dispositif juridique que se tourne le discours officiel. » Même amertume chez Yohann Lemaire : « Tout le monde critique, parle, mais personne ne fait rien. » Alors, une fois l’indignation politique générale passée, que fait-on ?
Arrêtons d’arrêter les matchs
Depuis vingt ans, Yohann Lemaire combat l’homophobie dans le football avec son association Foot Ensemble, lui qui a longtemps été le seul joueur (amateur) ouvertement gay. À ses yeux, le seul point positif de ce dernier épisode médiatique, c’est que le sujet n’est plus tabou : « Au moins, on en parle. Après, qu’est-ce que ces types ont dans le citron pour continuer ces chants ? C’est une bande de ringards qui donnent raison à ceux qui disent qu’on ne voit ça que dans le foot. » Des ringards qui perpétuent une triste tradition, comme le rappelle Nicolas Hourcade, sociologue spécialiste des supporters : « Ces insultes ont été complètement tolérées pendant longtemps. Elles se sont intensifiées depuis les années 1980. Elles n’étaient alors pas considérées comme discriminatoires, mais comme folkloriques, selon une expression répandue dans le monde du foot. » Mais là où les chants racistes ont été combattus dès les années 1990, ceux à caractère homophobe ne le sont que depuis une dizaine d’années. « C’est lié aux évolutions de la sensibilité de la société sur ces sujets, explique Hourcade. Ce qui est compliqué, c’est de faire comprendre à des gens que ce qu’ils ont chanté depuis des années n’est aujourd’hui plus acceptable et toléré. On se retrouve dans un dialogue de sourds. »…
Tous propos recueillis par AHD.
L’affreux maillot du Barça pour les 125 ans du club
EA Sports FC 24 : la mixité au grand jour
Hugo Lloris, l’impasse en retrait