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Un homme séparé disparaît

Le mystère du Péloponnèse de Katie Kitamura

Comme la narratrice du récit à suspense classique de Daphné Du Maurier Rebecca, la protagoniste du roman de Katie Kitamura les Pleureuses n’est jamais nommée. Alors que certains lecteurs pourraient se sentir frustrés par une telle omission, j’ai trouvé que cette absence franche d’identification offrait un nouveau type d’intimité. Sans nom pour la séparer de mon propre vécu, j’ai trouvé que les pensées de cette femme, à mesure que je progressais dans le roman, débordaient de plus en plus sur les miennes. Cette femme anonyme pourrait être n’importe qui. Elle pourrait même être moi.

Homme armé. Comme Rebecca,les Pleureuses a été qualifié de roman à suspense - et c’est exact -, mais si vous escomptez une action effrénée, des tueurs en série ou des harceleurs obsessionnels, vous ne les trouverez pas ici. Il y a un homme armé dans les Pleureuses, mais vous attendrez longtemps avant de découvrir - et encore - si c’est lui le méchant. Le genre de suspense qu’offre le roman de Kitamura est quelque chose de plus neuf : le suspense qui vient de la réflexion intérieure, de l’écart entre notre propre réalité et le monde extérieur.

Notre narratrice anonyme a accepté de se séparer de son mari, Christopher. Elle a également accepté, momentanément, de ne pas dire aux parents de Christopher qu’ils se sont séparés. Elle le soupçonne de se soucier plus de son bien-être financier que des sentiments de ses parents, mais cette stratégie de secret temporaire lui convient, car elle a ses propres secrets à garder. De plus, elle souhaite s’habituer à sa nouvelle situation sans souffrir des attentions d’Isabella, son envahissante belle-mère. Or c’est celle-ci qui va mettre en branle le mystère. Quand Isabella téléphone, inquiète de n’avoir pu contacter son fils, la narratrice accepte de prendre l’avion, en pleine basse saison, pour le Péloponnèse et le petit village de pêcheurs où Christopher avait informé sa mère qu’il se rendait.

A son arrivée à (...)

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