Un homme de 78 ans acquitté après avoir reconnu avoir volontairement tué son épouse souffrante, le parquet fait appel
Il plaidait un acte d’amour. Bernard Pallot, 78 ans, était jugé au tribunal de Troyes (Aube) pour l’assassinat avec préméditation de son épouse, Suzanne, qui souffrait d’une maladie incurable, en octobre 2021. Il lui était reproché d’avoir injecté du cyanure dans la cuisse de sa femme avant de l’étrangler avec un fil électrique. Des faits qu’il a reconnus mais dont il a affirmé qu’il ne les avait pas souhaité. "C'est elle qui s'est suicidée, je n'ai tué personne. Ma femme était demandeuse", a déclaré le septuagénaire qui comparaissait libre lors de l’audience, rapporte France 3 Grand Est, mercredi 30 octobre.
Sa femme avait en effet laissé une note signée qui lui demandait de l’aider à mourir. Une notion de contrainte qui a été plaidée par les avocats de la défense. "Jusqu'au bout, il a cherché à soulager ses souffrances, il ne voulait pas tuer sa femme", a insisté Maître Marine Chollet.
Huit ans d'emprisonnement ont été requis
Pour ces faits, le parquet avait requis à l’encontre du septuagénaire huit ans d’emprisonnement, sans mandat de dépôt, compte tenu de l’âge avancé de l’accusé. "C’est un geste d’amour interdit par la loi. [...] Je vous demande de le déclarer coupable. Ce crime est assumé et revendiqué. L’euthanasie n’est pas une circonstance atténuante", a déclaré l’avocat général.
Pourtant, après une heure et demie de délibération, les jurés ont décidé d’acquitter l’homme, contre l’avis du parquet. "Le fait d’être acquitté, c’est un symbole fort", a réagi Bernard Pallot à la sortie de l’audience. "La fin de vie doit être réexaminée", a-t-il souligné alors que les discussions parlementaires autour du projet de loi dédié ont été stoppées après la dissolution de l’Assemblée en juin dernier. Désormais, le parquet dispose de dix jours pour faire appel de la décision.
Dans un communiqué rendu public dans l'après-midi, le parquet général a annoncé faire appel de l’acquittement de Bernard Pallot.