Hommage. “Il y a toujours une chanson d’Anne Sylvestre qui tourne dans ma tête”

La chanteuse Anne Sylvestre est morte le 30 novembre à l’âge de 86 ans. Une journaliste du quotidien Le Temps, qui l’a bien connue, raconte comment ses chansons ont marqué sa vie, et évoque les liens du public suisse avec l’artiste.

“Je cherche un mur pour pleurer” ou au moins une page, car Anne Sylvestre est morte. Cette autrice-compositrice-interprète française avait été, il y a deux ans, l’invitée des Créatives, ce festival joyeux et féministe. Elle était sans doute, à 84 ans, la plus ancienne des artistes présentes, mais pas la moins vive ni la moins aimée. Elle avait chanté à Onex [dans le canton de Genève] devant une salle comble, et après le concert une longue file s’était formée devant la table où elle dédicaçait ses disques. J’attendais qu’elle ait fini. J’ai attendu longtemps, elle avait tout vendu ! La ferveur et l’amitié du public romand à son égard étaient magnifiques.

Anne Sylvestre, je l’ai connue enfant. Par ses Fabulettes [des chansons pour enfants] bien sûr, “J’ai une maison pleine de fenêtres”, “Hérisson son son”, mais pas seulement. Car ses disques, j’ai eu cette chance, elle me les apportait elle-même. Mon père était, en effet, de ceux qui, très tôt, l’ont invitée à se produire en Suisse romande. Elle est venue aux Faux-Nez [un café-théâtre] à Lausanne. Elle chantait, elle jouait de la guitare accompagnée à la contrebasse par son compagnon, on allait l’écouter, elle venait manger à la maison. On riait, elle était si vivante, si grande, si drôle, c’était comme un bon coup de vent qui envahissait l’appartement de mes parents.

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Elle amenait avec elle tous ses disques, ce qui fait qu’enfant j’écoutais tout pêle-mêle, chansons pour les petits et chansons pour les grands “Tiens-toi droit”, “Non, tu n’as pas de nom” [une chanson qui a pour thème l’avortement], “La Faute à

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