Hollande préside un 11-Novembre "d'espérance" face aux épreuves

par Elizabeth Pineau NOTRE-DAME-DE-LORETTE (Pas-de-Calais) (Reuters) - François Hollande a lancé mardi un message d'espérance à l'occasion des cérémonies du 11-Novembre dans le Pas-de-Calais, appelant à relativiser les difficultés d'aujourd'hui par rapport aux tragédies d'hier. Dans un discours marquant le 96e anniversaire de l'Armistice de 1918, le président français a parlé paix, avenir "la tête en avant", et "patriotisme social" à un pays freiné par la crise. "L'avenir se construit la tête en avant, pas le regard en arrière", a-t-il déclaré sur le site mémoriel de Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras. "Notre pays a surmonté des épreuves bien plus terribles que les difficultés auxquelles nous faisons face aujourd'hui", a-t-il ajouté, invitant à ne "pas douter de notre capacité collective à redresser la France". Devant des milliers de tombes blanches alignées sur les collines de l'Artois, il a cité la supplique inscrite sur la tour-lanterne dressée devant lui : "Peuples soyez unis, hommes soyez humains". "Ici dans le silence des morts, c'est toujours l'espérance qui surgit comme un cri", a-t-il conclu. En ce jour anniversaire, François Hollande a inauguré l'Anneau de la Mémoire, ellipse de métal posée à flanc de colline conçue par l'architecte Philippe Prost où figurent les noms de 580.000 morts au combat, toutes nationalités confondues. L'ANNEAU QUI UNIT "C'est l'anneau qui réconcilie, qui unit, qui marie", a commenté le chef de l'Etat lors de sa visite en compagnie de dignitaires étrangers, dont la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen. Le nouveau monument jouxte la nécropole de Notre-Dame-de-Lorette, plus grand cimetière militaire de France avec 20.000 tombes et un ossuaire renfermant les restes de 20.000 autres soldats. "Hier ennemis, ces hommes sont réunis désormais dans la mort comme s'ils appartenaient à une famille", a souligné le président dans son discours, prononcé au terme d'une émouvante cérémonie, émaillée d'intermèdes musicaux. François Hollande a jeté un pont entre hier et aujourd'hui en évoquant les conflits en Syrie, en Ukraine et en Irak. "La paix est toujours fragile, elle peut vaciller à tout instant à la merci des extrémismes, des fanatismes, des égoïsmes", a dit le chef de l'Etat, chef des armées, qui avait rendu hommage dans la matinée à l'arc de Triomphe aux sept soldats français tués ces 12 derniers mois sur des terrains d'opération, en Afrique pour la plupart. "A quoi sert-il d'honorer les morts ?", s'est interrogé François Hollande, plaidant pour un patriotisme qui ne serait pas une nostalgie mais "une volonté, celle de faire entrer la France dans le monde, au premier rang, en préservant son identité c'est-à-dire le patriotisme social". Ce 11-Novembre devait clore le premier cycle des commémorations de 2014 marquant à la fois le 70e anniversaire de la Libération et le centenaire de la Grande Guerre, qui fit 18 millions de morts en 50 mois. L'actualité a rattrapé le président avant son arrivée sur le site, survolé à la mi-journée par un petit avion tirant une banderole "Hollande démission". Le pilote, militant hostile au mariage homosexuel connu pour d'autres actions hostiles au président socialiste, a été pris en chasse par un hélicoptère et contraint d'atterrir près d'Arras. François Hollande a évoqué l'incident sur le ton de la boutade durant la visite de l'Anneau, désignant dans un sourire un "drône autorisé" en train de le filmer. A la différence de l'an dernier qui avait vu le chef de l'Etat hué par une partie de la foule, la remontée des Champs-Elysées au milieu des cavaliers de la garde républicaine s'est déroulée dans un calme relatif. (Edité par Gérard Bon)