Pour Hollande, Macron "ce n'est pas le 'en même temps', c'est l'air du temps"

François Hollande - Bertrand Guay
François Hollande - Bertrand Guay

Un nouvel ouvrage intitulé Rassembler, et des propos à la sulfateuse sur son successeur. Interviewé ce mercredi matin sur France Inter, François Hollande jette un regard sévère sur le paysage politique à quelques mois de l'échéance présidentielle.

"Réconcilier les Français"

L'ancien président de la République a d'abord analysé le contexte dans lequel va se dérouler l'élection 2022.

"Cette élection a un caractère vital. La France va devoir affronter une grande mutation écologique, industrielle, éducative, sociale dans les prochaines années (...). Il faut prendre ce choix très au sérieux. Avec un but à cultiver pour la mission présidentielle: l'unité. Réconcilier les Français, c'est le but d'un Président, pas d'opposer les Français", a estimé l'ex-locataire de l'Élysée.

"Ne pas faire de catégoriel en France"

Très sévère à l'encontre d'Emmanuel Macron dans son livre, l'ancien chef de l'État lui reproche l'absence de colonne vertébrale idéologique et la multiplication des annonces de financement depuis l'été.

"Je n'ai pas de rancune. Le passé est le passé. Chaque président a toujours une doctrine. Elle peut être libérale, conservatrice, socialiste... Mais Macron n'a pas de doctrine. Il avance, il est pragmatique. Ce n'est pas le 'en même temps', c'est l'air du temps. Un pays a besoin d'avoir un sens, une vision. Aujourd'hui, il distribue l'argent de tous en fonction des intérêts catégoriels. On ne peut pas faire du catégoriel en France."

"Faire mieux que les politiques"

François Hollande est également revenu sur les parcours des ministres qu'il estime trop éloignés des Français.

"Jusqu'à présent, les hommes politiques élus à la présidence de la République avaient un parcours politique. (...). Macron n'en avait aucun. Il représentait une technostructure qui pensait qu'elle pouvait faire mieux que les politiques. Il se trouve que le gouvernement qu'il a constitué représente cette technostructure et elle a beaucoup de qualités. Mais elle a un grand défaut, elle est coupée de la société", a encore jugé l'ancien président.

"Pas de début de campagne pour Hidalgo"

François Hollande est également revenu sur l'éparpillement de la gauche sur la ligne de départ pour 2022 en dénonçant les propos tenus par Jean-Luc Mélenchon.

"Il y a aussi la dislocation de la gauche avec 5 candidats qui font à peine 5 à 10% avec une incapacité à se qualifier au second tour (...). Mélenchon interdit un gouvernement commun par sa personnalité et ses propositions. Comment travailler avec lui quand il demande de sortir de l'Union européenne, à la BCE d'effacer la dette (...)? Il y a une incapacité à gouverner avec lui", a estimé l'ancien élu.

Son soutien à Anne Hidalgo, à la traîne des sondages, est également tiède.

"Comment la gauche parvient au pouvoir? Moi, j'ai une solution. Il faut une candidature socialiste qui permet l'union au second tour. Anne Hidalgo a vocation à jouer ce rôle. Il n'y a pas de début de campagne. Ce ne peut pas être qu'une incarnation, il faut un projet. La gauche fait comme si elle avait déjà perdu cette élection", a-t-til encore regretté.

"Scission des Français entre eux"

Enfin, le Corrézien a jeté un regard sévère sur la possible candidature d'Éric Zemmour à la présidentielle.

"Ceux qui le soutiennent sont pour la scission: scission des Français entre eux, scission entre les orientations sexuelles, entre les origines. Quand les Français n'ont plus de vision d'avenir, ils se réfugient dans le passé, le passé travesti et instrumentalisé. Tout cela représente deux dangers: des thèses qui éclatent la nation d'abord et puis qui empêchent un vrai débat sur le second tour entre la droite et la gauche.

Article original publié sur BFMTV.com