Hitler, naissance d’une domination

Dans un portrait sans voyeurisme, Volker Ullrich relate la vie du Führer jusqu’au début de la Seconde Guerre.

Après la somme monumentale de Ian Kershaw, il faut une singulière inconscience - ou un réel courage - pour proposer une nouvelle biographie d’Adolf Hitler qui s’interrompt, de surcroît, à la veille de la Seconde Guerre mondiale : les quelque 1 200 pages que le journaliste Volker Ullrich dédie au Führer s’arrêtent en effet en 1939. Autant le dire d’emblée, le lecteur ne sera pas déçu par cette vigoureuse plongée qui, après avoir scruté les années d’opposition du leader nazi, se penche sur l’imposition de son pouvoir.

Le premier atout de l’ouvrage est, bien entendu, de s’appuyer sur les acquis les plus récents de la recherche. Volker Ullrich confirme ainsi que l’incendie du Reichstag n’a pas été déclenché par les nazis, mais résulte de l’initiative d’un franc-tireur communiste illuminé, que la Nuit de cristal a bel et bien été déclenchée au plus haut niveau, bien que Hitler ait dissimulé ses responsabilités dans ce sinistre épisode, ou que l’antisémitisme fanatique du dictateur naît plutôt aux lendemains de la défaite de 1918 que durant ses années viennoises comme on le lit trop souvent.

Complexité. Mais l’intérêt du livre réside surtout dans la vision qu’il propose de l’homme, un point rarement abordé par l’historiographie. Hitler, au rebours d’une légende tenace, avait une vie privée qui s’écartait, sur bien des points, de l’image qu’il entendait proposer à l’adulation des foules. L’homme affichait sa frugalité, mais il adorait le luxe - bons hôtels, belles automobiles - tout en faisant montre d’une rare cupidité (il percevait, sur chaque timbre à son effigie, des droits d’auteur).

De même, sa liaison avec Eva Braun fut tout sauf platonique, bien que la maîtresse du Führer ait été obligée de se montrer discrète : le grand homme avait voué son âme - et son corps - au peuple allemand, ce qui lui interdisait d’afficher toute liaison avec le sexe opposé. Sans (...)

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