Des «Hirondelles» qui font l’instant

A la faveur d’une mésaventure, deux jeunes gens se retrouvent seuls.

Le premier film de l’Algérien Karim Moussaoui mêle réalité sociale pesante et purs moments de grâce.

«De quoi ça parle ?» Le rêve d’un film, c’est d’en même temps parler et se taire, être avec et sans sujet, construire patiemment des histoires pour mieux les abandonner en route, tout faire gratuitement et emporter quand même la mise, chercher son cœur à la périphérie : tout quitter et d’un même geste, revenir au point de départ. En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui est bien un film qui se rêve, et qui dans son rêve se cherche : à la fois scolaire et audacieux, léger et lourd, en quête d’une subtilité idéale. Alors se chercher, se rater, se croiser : qu’importe. Non pas que ce soit l’intention qui compte - si la vérité est la mort de l’intention, l’intention est l’enfer du cinéma, qui ne respire que l’air de rien. Mais ce premier long métrage algérien sait aussi reprendre son souffle, en brouillant régulièrement ses propres pistes trop bien tracées.

Excursion. De quoi ça parle ? Ça dépend. Le début du film suit dans Alger un homme d’un certain âge qui passe chez son ex-femme pour sermonner leur fils sur la poursuite de ses études. Sur le trajet du retour, il assiste à un tabassage sans intervenir. On rencontrera ensuite sa compagne française, qui veut quitter l’Algérie pour rentrer au pays. Puis l’histoire bifurque en accompagnant le jeune chauffeur de l’homme âgé, qui demande trois jours de congé, dans une excursion hors de la ville : il rend service à un voisin en le conduisant, avec sa femme et sa fille, vers la maison du futur mari de cette dernière. A la faveur d’une mésaventure gastronomique, les deux jeunes gens se retrouvent seuls : on apprend qu’ils se sont aimés en cachette par le passé. Il y aura d’autres lignes de fuite dans le récit, d’autres bifurcations, certaines courtes comme des fausses pistes, d’autres plus longues, qu’on suivra un moment pour les reperdre.

Un tel film-dispositif, selon l’expression, pour lui péjorative, du grand pigiste (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

t’as queL âge ?
«Tabou» de nerfs
Novice et vertus
Pitié !
«Petit Paysan», de mal en pis