"Hippocrate", saison 2: l'hôpital sous l'eau, plus vrai que nature à l'heure du Covid-19

La série Hippocrate - Canal +
La série Hippocrate - Canal +

Un hôpital "en train de couler", des soignants en souffrance... Avec sa trépidante saison 2, Hippocrate, la série très attendue de l'ancien médecin Thomas Lilti résonne plus que jamais avec l'actualité.

Diffusée à partir de lundi sur Canal+, cette deuxième fournée de 8 épisodes de 52 minutes replonge les téléspectateurs dans le quotidien du service de médecine interne de l'hôpital Poincaré et de ses internes Chloé (Louise Bourgoin), Alyson (Alice Belaïdi) et Hugo (Zacharie Chasseriaud).

Sans nouvelles d'Arben (Karim Leklou), le légiste qui les avait épaulés en saison 1, les voici confrontés au rapatriement des urgences d'Olivier Brun (Bouli Lanners), mal préparé à l'afflux de patients, après la rupture d'une canalisation d'eau.

Résonance avec l'actualité

En découle une saison encore plus tendue et haletante que la première - saluée pour son réalisme - où les personnages s'étaient retrouvés seuls aux commandes en l'absence de médecins titulaires, confinés en raison... d'un virus.

"Il y avait" alors "une sorte de prescience de ce qui allait se produire" avec la crise sanitaire, a relevé lors d'une conférence de presse début mars Thomas Lilti, assurant n'en tirer "aucune gloire".

Puis la réalité a rattrapé la fiction. Le tournage de la saison 2, entamé à la mi-janvier 2020 à l'hôpital Robert-Ballanger à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a été interrompu par le premier confinement jusqu'à fin juin.

Reconversion

Entre-temps, le généraliste reconverti avec succès dans le cinéma (Hippocrate, dont est dérivée la série éponyme, mais aussi Médecin de campagne et Première Année), a renfilé sa blouse, comme il le raconte dans Le Serment (Grasset), paru en janvier.

Il a ainsi aidé pendant quatre semaines l'établissement qui lui avait servi de décor et dont les personnels avaient "filé des coups de main" comme figurants ou consultants. "D'un coup, le monde extraordinaire, c'était eux" et plus celui de la télé, relate Thomas Lilti.

S'il a "un peu vacillé" au début, se demandant si la réalité "n'était pas en train d'exploser" sa fiction, il s'est rendu compte qu'il était "profondément dans l'actualité" en racontant "l'état de l'hôpital juste avant l'arrivée de cette crise".

Des soignants qui souffrent de ne pouvoir faire leur travail correctement, un "hôpital qui se délite" face aux économies budgétaires, et "en même temps cet énorme élan d'humanité, l'abnégation (...) Ce courage qu'on a pu applaudir le soir".

Tri des malades

L'ensemble fait écho à l'actualité. Comme le "tri des malades", question "taboue" abordée dès le deuxième épisode, ou l'intrigue entourant l'oubli d'une dame aux urgences: pas plus tard que début mars, l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris était mise en examen pour "homicide involontaire" après le décès fin 2018 d'une patiente de 55 ans, retrouvée morte sur un brancard, près de 12 heures après son admission.

L'immersion dans le monde des urgences, influencée par la série culte du même nom, "seule référence" de Thomas Lilti "en termes de séries hospitalières", rappelle plus généralement la longue grève entamée dans ces services au printemps 2019. Lancée pour réclamer plus de moyens, cette mobilisation s'était progressivement étendue à tout l'hôpital jusqu'à l'irruption du Covid-19.

Echanges entre acteurs et soignants

Avec la crise sanitaire est né un sentiment de "responsabilité" partagé par l'ensemble des équipes mobilisées pour la série, constate Thomas Lilti. D'autant que les acteurs ont pu échanger avec les soignants après la première vague:

"Ils nous ont raconté qu'ils n'avaient même pas de surblouse", relate Louise Bourgoin. "Ils se sont mis à sauver des gens avec des ponchos en plastique" donnés par Disneyland Paris. "Ça m'a vraiment marquée, cette image (...) Le manque de moyens" en santé "dans un pays aussi riche que la France, c'est scandaleux", s'indigne la comédienne.

Article original publié sur BFMTV.com