Hibernation : pourquoi les animaux ne ressentent-ils pas la soif ?

D’août à mars, le spermophile rayé, un écureuil au dos orné de lignes, ne boit pas une goutte. Et pourtant, il survit. Mieux : il n’a même pas soif ! Des chercheurs américains viennent d’élucider le processus biologique derrière l’exploit. Cette découverte rappelle une fois de plus l’efficacité des mécanismes sous-jacents à l’hibernation, pleins de promesses dans la lutte contre des pathologies telles que le diabète, la fonte musculaire ou encore l’ostéoporose.

L’hibernation est une véritable prouesse biologique ! Pendant plusieurs mois, certains animaux sombrent dans un état léthargique pour passer l’hiver, sans boire, sans manger et sans uriner. Une condition qui relève d’une série d’adaptations millimétrées dans l’organisme. Rythme cardiaque et respiratoire, activité du système digestif, du rein ou encore réserves de graisse : l’animal passe progressivement en mode économie d’énergie.

Une équipe de l’université de Yale s’est intéressée à la sensation de soif des animaux hibernants, et en particulier d’un petit écureuil très étudié : le spermophile rayé, Ictidomys tridecemlineatus. Dans une précédente étude, les mêmes chercheurs avaient élucidé le processus qui permet à leur organisme de rester hydraté pendant toute la durée de l’hibernation. Mais ils étaient restés sur leur faim : comment se faisait-il que les hibernants n’aient pas soif ? L’équipe de Madeleine Junkins et Elena Gracheva dévoile un nouveau mécanisme qui inhibe cette sensation chez le spermophile rayé. Leurs résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Science.

Spermophile rayé
Spermophile rayé

Spermophile rayé, Ictidomys tridecemlineatus. Crédits : James Hager / Robert Harding Premium / robertharding via AFP

Les clefs pour une hibernation réussie !

Pour réussir son hibernation, il faut prendre son temps !”, sourit Fabrice Bertile, chercheur au CNRS, lors d’une interview pour Sciences et Avenir. “Il n’existe pas de bouton “ON/OFF” qui permettrait à l’animal d’entrer dans un état léthargique.” Hiberner demande une préparation considérable, et une mise en condition anticipée de l’organisme. Certains processus s’amorcent plusieurs semaines avant le début de l’hibernation. La température corporelle diminue peu à peu, tout comme le rythme cardiaque et l’activité métabolique en général. “Ces adaptations physiologiques ont pour but d’économiser de l’énergie.” Chez l’ours par exemple, la température corporelle commence à baisser plusieurs jours avant l’entrée dans la tanière. Quant à [...]

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