Henri Guaino relaxé pour ses propos contre le juge Gentil

Henri Guaino a été relaxé jeudi pour ses propos à l'égard du juge Jean-Michel Gentil, qu'il avait notamment accusé d'avoir "sali la France" avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - Henri Guaino a été relaxé jeudi pour ses propos à l'égard du juge Jean-Michel Gentil, qu'il avait notamment accusé d'avoir "sali la France" avec la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l'affaire Bettencourt. Le député UMP était poursuivi pour outrage à magistrat et discrédit porté sur une décision de justice. Le tribunal correctionnel de Paris a estimé qu'il n'avait pas dépassé les limites autorisées par la liberté d'expression, soulignant qu'il s'agissait d'un parlementaire s'exprimant sur un sujet d'intérêt général. Devant le tribunal, le 22 octobre, Henri Guaino avait fustigé un "procès fait à la représentation nationale". Une vingtaine de députés UMP étaient venus lui apporter leur soutien. "Je ne peux que remercier le tribunal d'avoir rendu la justice et reconnu la liberté d'expression des parlementaires qui est un élément absolument essentiel du bon fonctionnement d'une démocratie", a-t-il réagi jeudi. Pour Léon Lef Forster, l'un des avocats du juge Gentil, dans ce dossier, "l'outrage était évident". "Nous n'avons jamais été opposés à la libre discussion d'une décision judiciaire, par contre nous avons toujours considéré qu'il y avait une limite qui devait être apportée, c'était celle de l'outrage aux personnes", a-t-il dit à la presse. Le ministère public avait requis la condamnation de Henri Guaino à une amende "de l'ordre de 3.000 euros". Le juge Jean-Michel Gentil, qui avait reçu des menaces peu de temps après les propos de l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, demandait 100.000 euros de dommages et intérêts. Ses avocats ont indiqué qu'il ferait appel au civil. En mars 2013, l'ex-plume de Nicolas Sarkozy avait accusé Jean-Michel Gentil, l'un des trois magistrats instructeurs chargés du dossier Bettencourt, d'avoir "déshonoré la justice" et "sali la France" en mettant l'ex-chef de l'Etat en examen pour "abus de faiblesse". Nicolas Sarkozy a par la suite bénéficié d'un non-lieu. Les propos de Henri Guaino avaient suscité l'indignation de l'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire dans la profession, qui les avait signalés au parquet de Paris. Henri Guaino, qui revendique ses propos et estime que l'histoire lui a donné raison, Nicolas Sarkozy ayant bénéficié d'un non-lieu, avait promis d'aller jusque devant la Cour européenne des droits de l'homme en cas de condamnation. (Chine Labbé, édité par Yves Clarisse)