Haut-Karabakh : la France riposte à l’Azerbaïdjan, après l’expulsion de deux diplomates par Bakou

INTERNATIONAL - Réaction diplomatique égale. Deux diplomates azerbaïdjanais vont être expulsés du sol français, a annoncé mercredi 27 décembre le ministère des Affaires étrangères qui évoque une « mesure de réciprocité ». La veille, Bakou avait annoncé l’expulsion sous 48 heures de deux agents de l’ambassade de France en raison d’activités « incompatibles avec leur statut ». Si les faits reprochés aux deux diplomates français ne sont pas précisés, l’expulsion de personnel diplomatique fait partie de la panoplie des mesures de rétorsion dont usent les États pour manifester leur mécontentement.

Paris « réfute catégoriquement les allégations présentées par l’Azerbaïdjan pour justifier sa décision » concernant les diplomates français, accusés sans plus de détails d’avoir mené des activités « incompatibles avec leur statut », selon un communiqué. L’ambassadrice d’Azerbaïdjan en France a été convoquée au Quai d’Orsay mercredi « pour se voir communiquer ces éléments », a précisé la diplomatie française.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan entretiennent des relations conflictuelles, notamment à cause du Haut-Karabakh, territoire séparatiste que Bakou a reconquis en septembre. Les deux voisins s’étaient affrontés lors de deux guerres pour le contrôle de cette enclave, l’une entre 1988 et 1994 et l’autre à l’automne 2020.

Bakou et Erevan ont récemment annoncé leur volonté de normaliser leurs relations et assurent qu’un accord de paix pourrait être signé prochainement, mais les pourparlers n’avancent guère. La France, terre d’accueil d’une importante diaspora arménienne, s’est impliquée ces derniers mois dans la médiation entre ces deux anciennes républiques soviétiques, et a en outre affiché son soutien sans faille à l’Arménie.

Bakou accuse la France de « déstabiliser » le Caucase

Ces derniers mois, l’Azerbaïdjan a accusé la France de « déstabiliser » le Caucase en apportent son aide à l’Arménie, rival de Bakou dont elle est un soutien historique. En novembre, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev avait accusé Paris de favoriser de « nouvelles guerres » en armant Erevan. Il a notamment refusé de se rendre en octobre à un sommet européen à Grenade (Espagne) et de participer à une réunion avec le président français Emmanuel Macron, affirmant qu’il avait des positions biaisées en faveur des Arméniens.

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Les tensions entre Bakou et Paris prennent également corps dans le champ informationnel. Viginum, l’organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères, a révélé en juillet dernier que des acteurs liés à l’Azerbaïdjan avaient mené une campagne de manipulation de l’information visant à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à accueillir les Jeux olympiques de 2024.

Fin novembre, l’Azerbaïdjan a à son tour accusé la France, l’Allemagne et les États-Unis d’être impliqués dans le « financement illégal » d’un média d’investigation récemment visé par deux arrestations.

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