Hausses d’impôts : comment les ministres macronistes justifient la rupture avec le président

Si elle se veut rassurante sur la portée des futures hausses d’impôts, Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, appelle son camp à « mettre de l’eau dans son vin. »

POLITIQUE - Tout compte fait. Après plusieurs jours de silence, le Premier ministre Michel Barnier a dévoilé mardi 1er octobre la feuille de route de son gouvernement pour les semaines et les mois à venir. Au milieu des déclarations d’intentions et autres propositions floues, une certitude : les plus fortunés et les entreprises les plus bénéficiaires vont être mis à contribution pour rattraper le dérapage du déficit public.

Une augmentation des impôts ? Michel Barnier lève (un peu) le voile sur le budget 2025

Une piste qui ne convient pas du tout à une partie du camp présidentiel, tant elle semble remettre en cause la politique de « l’offre » prônée par Emmanuel Macron depuis sept ans. Gabriel Attal a évoqué une solution de facilité en réponse au locataire de Matignon mardi, dans le sillage d’un Gérald Darmanin qui menace de ne pas soutenir l’exécutif dans ces conditions.

Seront-ils convaincus par leurs collègues ? Alors que le parti présidentiel est divisé sur cette question périlleuse, les ministres macronistes défendent eux une mesure de justice, imposée par la situation, et surtout temporaire.

« La situation budgétaire est grave », a par exemple insisté Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement (et députée EPR des Hauts-de-Seine), en service après-vente ce mercredi 2 octobre dans la matinale de TF1. « On estime que des contributions ciblées et temporaires doivent faire partie de la réponse globale », a-t-elle plaidé, en ajoutant : « le Premier ministre a toujours précisé que cela concernerait les entreprises qui en auraient les moyens. »

Quelques minutes plus tard, son collègue Antoine Armand utilisait les mêmes arguments sur RTL. Confirmant cette hausse de la fiscalité, le ministre de l’Économie, lui aussi issu de Renaissance, a surtout insisté sur son caractère ciblé et « temporaire. »

« Il est hors de question que ça dure plusieurs années de suite au même niveau pour tout le monde », a-t-il martelé, en assurant également que le gouvernement « ne toucherait pas de manière générale au barème de l’impôt sur le revenu pour celles et ceux qui travaillent au quotidien », ni « à la fiscalité des classes moyennes et des classes moyennes supérieures ».

Un discours, qui tranche, malgré les précautions, avec celui de Gabriel Attal et des gardiens du temple macroniste sur la question fiscale. Pour rétablir les comptes publics, « la bonne méthode » est « moins de dépenses et certainement pas plus d’impôts », a encore assené l’ancien Premier ministre, mardi, à l’Assemblée, en réponse à Michel Barnier.

Dans ce contexte, « charge à chacun de mettre un peu d’eau dans son vin », réplique Maud Bregeon ce mercredi sur TF1. « On n’a pas gagné les élections nous concernant. Il est normal qu’au sein de ma famille politique, on entende ce que nous ont dit les Français. Que sur certains sujets nous n’avons pas fait exactement tout ce qu’il fallait », a-t-elle plaidé.

La veille, Michel Barnier s’était fait encore plus piquant au Palais Bourbon, en promettant à Gabriel Attal d’être « attentif » à ses propositions… « pour faire face à un déficit que j’ai trouvé en arrivant, voilà. » Les apprentissages de cette autre cohabitation.

À voir également sur Le HuffPost :

Destitution de Macron : la proposition LFI arrive en commission à l’Assemblée nationale

Michel Barnier veut « aménager » la réforme des retraites, voici les points qui pourraient évoluer