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Hausse en Europe mais le risque de "shutdown" freine Wall Street

par Marc Angrand

PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont fini dans le vert vendredi, négligeant le risque d'un "shutdown", une fermeture des administrations fédérales américaines, pour aller de l'avant en s'appuyant sur les anticipations de résultats des entreprises cotées.

Les inquiétudes liées au budget américain pèsent toutefois sur Wall Street et le dollar, tandis que les rendements obligataires restent orientés à la hausse.

À Paris, le CAC 40 a terminé la séance sur un gain de 0,58% (31,68 points) à 5.526,51 points. A Londres, le FTSE 100 a gagné 0,39% et à Francfort, le Dax a progressé de 1,15%.

L'indice EuroStoxx 50 a pris 0,78%, le FTSEurofirst 300 0,46% et le Stoxx 600 0,54%. L'EuroStoxx, lui, a gagné 0,73% et atteint son plus haut niveau depuis dix ans.

Sur la semaine, le CAC 40 a gagné 0,17% et le Stoxx 600 0,6%, leur troisième performance hebdomadaire positive d'affilée, qui porte leurs gains depuis le 1er janvier à 4,06% et 3% respectivement.

A Wall Street, le Dow Jones perdait 0,22% au moment de la clôture européenne tandis que le Standard & Poor's 500 prenait 0,11% et le Nasdaq 0,27%; au même moment, le dollar était pratiquement inchangé face à un panier de devises de référence.

Les investisseurs américains privilégient la prudence pour deux raisons: la crainte d'un "shutdown" en l'absence d'accord au Congrès sur le budget et la baisse inattendue de l'indice de confiance du consommateur du Michigan, un baromètre très suivi du moral des ménages retombé à son plus bas niveau depuis juillet.

Les sénateurs américains ont jusqu'à minuit, heure de Washington (05h00 GMT samedi), pour adopter un texte prolongeant au moins provisoirement le financement de l'Etat fédéral, faute de quoi une partie des administrations pourrait être mise à l'arrêt et des milliers de fonctionnaires au chômage technique.

"On s'attend à ce qu'ils fassent quelque chose pour que les administrations restent ouvertes, ne serait-ce que pour une courte période, mais même si ce n'est pas le cas, la vie continuera", a commenté David Joy, responsable de la stratégie d'Ameriprise Financial.

CINQUIÈME SEMAINE DE HAUSSE POUR L'EURO FACE AU DOLLAR

L'incertitude sur l'issue des pourparlers a pénalisé le dollar pendant la majeure partie de la séance, même si le billet vert est par la suite parvenu à retrouver le chemin de la hausse.

L'euro est ainsi revenu à 1,2235 dollar mais reste en hausse de près de 0,4% sur cinq séances, sa cinquième semaine consécutive de progression face au billet vert.

La livre sterling, elle, a perdu du terrain; après avoir initialement négligé les chiffres pires qu'attendu des ventes au détail britanniques en décembre, elle a décroché faute d'avoir pu atteindre le seuil de 1,40 dollar, explique David Madden, analyste de CMC Markets.

Sur le marché des emprunts d'Etat, le rendement des Treasuries américains à dix ans reste orienté à la hausse: il a touché, à 2,646%, son plus haut niveau depuis septembre 2014, profitant entre autres des informations selon lesquelles John Williams, le président de la Réserve fédérale de San Francisco, pourrait devenir vice-président de la banque centrale américaine.

Aux valeurs en Europe, ThyssenKrupp a gagné 4,45%. Lors de l'assemblée générale annuelle, le président du directoire du groupe a promis de faire évoluer la stratégie, répondant ainsi indirectement aux critiques de son actionnaire activiste Cevian.

A Paris, Airbus (+2,64%) a poursuivi sa progression au lendemain de la commande d'A380 d'Emirates. Un dirigeant du groupe a assuré vendredi que les grands fournisseurs, comme Zodiac, étaient en passe de surmonter les problèmes à l'origine de retards de livraisons.

A la baisse, Rémy Cointreau a perdu 2,35% après un début de séance dans le vert, les commentaires du groupe sur l'impact financier de la hausse de l'euro ayant éclipsé ses bons chiffres de ventes et son optimisme sur le marché chinois.

A Londres, le distributeur spécialisé dans les revêtements de sol Carpetright s'est effondré de 39,45% après un avertissement sur ses résultats. Il a entraîné dans sa chute plusieurs valeurs du secteur comme Kingfisher (-2,30%).

Les pétrolières ont fini en net repli avec le recul des cours du brut: le Brent est revenu sous 69 dollars le baril et pourrait accuser un repli hebdomadaire de près de 2%, le plus important depuis début octobre, en réaction aux statistiques montrant une augmentation de la production américaine.

(avec Chuck Mikolajczak à New York, édité par Juliette Rouillon)