Une hausse de 4°C en 2100 : comment le gouvernement se prépare à un tel scénario climatique
Comment la France pourrait-elle s'adapter? Pour faire face au réchauffement climatique, le gouvernement entend se préparer au pire en développant un plan basé sur un scénario à +4°C.
L'année 2022 a été la plus chaude jamais enregistrée en France. Incendies, sécheresse, restrictions d'eau, canicule... La période estivale a particulièrement marqué les esprits. Pourtant, elle ne pourrait être qu'un avant-goût de la France de 2100.
Le gouvernement donne le coup d'envoi de sa nouvelle stratégie pour faire face à un réchauffement climatique qui pourrait atteindre les 4°C à la fin du siècle. Dans les colonnes du Journal du Dimanche, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu annonce la mise en place prochaine d'un plan d'adaptation dans lequel est désormais prise en compte cette hypothèse "pessimiste", qu'il souhaite lui qualifier de "réaliste".
+4°C en France métropolitaine
Les deux premières versions de ce plan, datant de 2011 et 2018, ne prenaient en compte que l'hypothèse des objectifs de l'accord de Paris, visant à limiter le réchauffement de la planète en dessous de 2°C et de préférence à 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle, soit une hausse de maximum +3°C pour la France.
Le gouvernement veut désormais prévoir un "scénario plus pessimiste" correspondant "à la tendance probable en l'absence de mesures additionnelles", dans lequel le réchauffement mondial serait de 3°C, et donc de 4°C en France métropolitaine.
En effet, l'Europe et la France sont particulièrement exposés au réchauffement climatique. En trois décennies, le continent s'est réchauffé deux fois plus vite que la moyenne mondiale.
Fortes chaleurs
À quoi ressembleraient notre pays et nos vies si ce scénario venait à se réaliser? La hausse générale des températures entraînera une multiplication et une intensification des vagues de chaleur. Sur l'arc méditerranéen, dans la vallée du Rhône et celle de la Garonne, elles pourront s'étaler sur plus d'un ou deux mois en été.
Ailleurs, les vagues de chaleur concerneront les côtes de la Manche et la façade atlantique cinq jours par an. En outre, la moitié nord du pays pourrait connaître 40 à 50 nuits tropicales (où le mercure ne descend pas en dessous de 20°C). Ce chiffre monte à 90 pour le pourtour méditerranéen, contre 30 en moyenne en 2005.
"Seules les zones de montagne et le littoral de la Manche resteront quasi épargnés", précise Christophe Béchu au JDD.
Phénomènes météorologiques extrêmes
Selon ce document, la durée des périodes de sécheresse augmentera progressivement d'ici 2100 entraînant de fréquentes pénuries d'eau à travers le territoire.
Sur les régions montagneuses, il y a moins de neige, ce qui a pour conséquence des problèmes de renouvellement des stocks d'eau et des problèmes de stabilité des sols et des parois. De nombreuses stations de ski devraient ainsi disparaître.
Néanmoins, le dérèglement climatique devrait parallèlement causer une augmentation des précipitations en hiver, notamment des pluies extrêmes dans la partie nord du pays. Cette alternance entre périodes de sécheresse et fortes pluies pourraient fortement fragiliser les habitations.
"On est en train de créer des zones blanches pour les assureurs, ce qui veut dire que les citoyens les plus vulnérables sont les personnes qui n'auront pas forcément la capacité de s'assurer et de réparer leur logement...", détaille sur BFMTV Gaël Musquet, météorologue, spécialiste dans la prévention des catastrophes naturelles.
Adapter les politiques et les investissements
Ce que pointe particulièrement ce plan est la nécessité d'adapter les infrastructures à cette nouvelle donne climatique. "C'est pourquoi nous voulons doter notre pays d'une trajectoire claire en termes d'adaptation" afin de "construire un modèle de résilience au plus près des réalités du terrain et d'éviter la mal-adaptation", explique Christophe Béchu dans un communiqué.
Ce plan d'adaptation, qui doit être présenté en intégralité en début de semaine, a pour vocation de documenter les impacts d'un tel réchauffement climatique "pour penser investissements et politiques en les prenant en compte".
"Ce n'est pas du défaitisme climatique, c'est de la lucidité. Nous devons à nos concitoyens de ne pas être dans une forme de déni climatique", conclut le ministre, disant préférer se préparer au pire scénario afin d'être "résilients".
Article original publié sur BFMTV.com
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