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L'embellie de la consommation de bon augure pour la croissance

LA CONSOMMATION DES MÉNAGES FRANÇAIS

par Yann Le Guernigou PARIS (Reuters) - La consommation des ménages français en biens a encore progressé en janvier après sa forte hausse de décembre, ce qui, ajouté à d'autres bons indicateurs récents, augure bien pour la croissance de 2015 et même au-delà, estiment les économistes. Alimenté par la forte baisse des prix du pétrole, ce redémarrage du principal moteur de l'économie française devrait simplifier l'équation budgétaire du gouvernement au moment où la Commission européenne vient de lui demander un effort supplémentaire sur son déficit public structurel. L'Insee a annoncé vendredi une hausse de 0,6% des dépenses des ménages en biens de consommation le mois dernier, là où les économistes attendaient une baisse. Et il a révisé le chiffre de décembre à +1,6%, contre +1,5% en première estimation. La consommation de janvier a été dopée par un rebond de 1,9% des achats de biens durables, imputable pour l'essentiel aux achats d'automobiles (+3,2%). Les achats en équipement du logement ont également renoué avec une tendance positive (+1,4%) et les dépenses en textile, habillement et cuir ont enregistré leur quatrième mois de hausse, ce qui montre que l'impact des attentats de début janvier sur la période des soldes d'hiver a été limité. "Ce sont de bons chiffres, surtout hors énergie. On a une accélération en décembre puis en janvier", a déclaré Philippe Waechter, chef économiste de Natixis Asset Management. "Avec la baisse des prix du pétrole, c'est ce qu'on attendait. La consommation des ménages redécolle enfin après une longue période de quasi-stagnation", a-t-il ajouté. ACCÉLÉRATION DE L'ACTIVITÉ Pour François Cabau, économiste de la banque Barclays, "on s'oriente vers une claire accélération de l'activité au premier trimestre". "C'est important pour le reste de l'année, avec l'effet de l'acquis de croissance. On est bien parti pour faire 1% (NDLR l'objectif 2015 du gouvernement), voire un peu plus." Les dépenses des ménages en biens représentent un peu moins de la moitié de leur consommation totale, qui elle-même contribue pour un peu plus de 50% au produit intérieur brut de la France. Après les bons chiffres de décembre et janvier, l'Insee estime que l'acquis de croissance de la consommation en biens pour le premier trimestre, à savoir son évolution si février et mars étaient au point mort, est déjà de 1,7% (1,6% pour les seuls biens fabriqués). En volume, la consommation de janvier en France a atteint un plus haut depuis mars 2011 et l'embellie récente a tout du rattrapage, manifeste par exemple dans le textile, dont les achats étaient tombés en septembre à un plus bas de treize ans. Elle est cohérente avec l'amélioration du moral des ménages, qui a retrouvé le mois dernier son meilleur niveau depuis le début du quinquennat de François Hollande. La dernière enquête de l'Insee a montré que leur propension à effectuer des achats importants n'avait pas été aussi forte depuis l'automne 2007. MOSCOVICI RÉCLAME DES RÉFORMES AMBITIEUSES Autre bon indicateur de la semaine, les perspectives personnelles de production des chefs d'entreprise du secteur manufacturier, bien qu'en léger retrait, se maintiennent dans une zone qui n'avait pas été atteinte depuis la mi-2011. "Il y a aussi les chiffres du chômage de janvier, qui n'ont pas été négatifs mais la tendance reste à confirmer", souligne François Cabau. "Et surtout on attend toujours un retournement de l'investissement des entreprises". Philippe Waechter veut croire qu'on "entre dans une dynamique plutôt favorable en Europe sur l'activité pour 2015 et même 2016 et 2017 si on ne fait pas de bêtises sur le plan budgétaire". Sur ce point, le nouveau délai de grâce accordé par Bruxelles à la France pour ramener son déficit public sous 3% du PIB est aussi une bonne nouvelle, juge l'économiste. "Les réformes sont plus faciles à faire quand il y a de la croissance", souligne-t-il. Alors que la Commission demande à Paris un effort "structurel" de 0,5 point sur son déficit cette année, François Cabau estime que le "débat technique sur la méthode d'ajustement sera plus simple" avec de la croissance et que le gouvernement "n'aura pas forcément besoin de faire beaucoup plus". Le plus grand risque tient, selon lui, à sa capacité à mener de nouvelles réformes au vu des difficultés rencontrées avec sa majorité pour faire passer la loi Macron sur la croissance. Le commissaire européen Pierre Moscovici a répété vendredi que cette loi ne devait être qu'un "premier pas" et que l'exécutif européen attendait de la France "un plan national de réformes ambitieux" pour augmenter son potentiel de croissance et assainir ses finances publiques. (avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)