Harry et Meghan sont-ils les nouveaux Edward et Sophie ?
Ils l’ont décidé. Lors de leur conférence de presse pour leurs fiançailles, le 6 janvier 1999, le prince Edward, quatrième enfant d'Élisabeth II et celle qui est encore Sophie Rhys-Jones, déclarent ne pas vouloir abandonner leurs activités professionnelles au profit de la couronne. Sophie, fille d’une secrétaire et d’un vendeur de pneus, dirige sa propre agence de communications. Edward, artiste dans l’âme, a créé sa maison de production. Les deux tourtereaux souhaitent préserver leur indépendance, loin de la presse. Cinq ans auparavant, alors qu’il commence sa relation avec Sophie, le prince a même envoyé une lettre ouverte aux grands médias britanniques pour leur demander d’arrêter de spéculer sur un éventuel mariage.
Edward hait la presse
Les relations entre le prince Edward et les médias n’ont jamais été très bonnes. Depuis son départ des commandos de Marines quatre mois après le début de sa formation, une première dans la famille royale, le petit dernier de la souveraine a mauvaise presse. Son aspect longiligne, son regard doux et son appétence pour le domaine des arts tranchent avec la virilité assumée de son père le prince Philip et la personnalité de bon vivant, un peu brut, de son frère Andrew. Les journalistes le trouvent parfois méprisant, précieux, voire pompeux. Et le prince le leur rend bien. Comme son père, il répète à qui veut l’entendre qu’il hait la presse. Passionné par le monde du spectacle, Edward aime monter sur scène en amateur, mais souhaite devenir un vrai professionnel. En 1987, son premier essai est une émission inspirée de "Jeux sans frontière", aux profits d’œuvres caritatives. Sans peur des commentaires, il fait participer sa sœur la princesse Anne, son frère le prince Andrew, sa belle-sœur la duchesse d’York, en les habillant de costumes du moyen-âge, pour ce programme du soir. Certains chroniqueurs se déchainent et sa grand-mère, la reine-mère Élisabeth le crucifie : "J’ai passé des années à construire cette monarchie et tu l’as détruite en une soirée."
Mais, le prince ne se décourage pas. Il se lance dans la production télévisuelle et crée Ardent productions en 1993. Les journalistes remarquent que sa société, installée dans sa demeure de Bangshot Park, lui verse un loyer. Parmi ses réalisations, un documentaire sur son grand-oncle Edward VIII, plutôt bien vendu dans le monde, et un autre sur le jeu de paume, plus discret.
Hélas, rien n’est épargné à Edward. Sa relation avec Sophie Rhys-Jones n’empêche même pas les rumeurs d’homosexualité de le poursuivre. Et depuis son entrée dans le cercle royal, cette dernière est également la cible de la presse à scandale. Elle est comparée à Diana, ses tenues sont décriées, son origine snobée et The Sun publie même une photo prise par une amie sur laquelle elle est seins nus. Mais Élisabeth II ferme les yeux, ravie du caractère simple et plein de bonne volonté de la nouvelle venue.
Nouvelle Crise
Leur union, à Windsor le 19 juin 1999, doit redorer le blason du couple. Sophie, devient duchesse de Wessex, et Edward, le dernier prince marié de la lignée. Hélas, les choses ne se déroulent pas comme prévu. En septembre 2001, une équipe d’Ardent productions a la mauvaise idée de filmer le prince William sur le campus de Saint-Andrews en vue d’un documentaire sur la famille royale. Cela contrevient au gentlemen’s agreement instauré depuis l’entrée du fils de Charles à l’université, selon lequel les médias ne s’immiscent pas dans son quotidien. Et lorsque le recteur de l’établissement prie les cameramen de quitter les lieux, ils refusent. Cette double erreur engendre une autre crise chez les Windsor. William détestera son oncle pendant un long moment. Cela marque aussi le début de l’agonie d’Ardent production, dissoute en juin 2009 avec quarante euros de trésorerie.
Brûlée mediatiquement
La même année (2001) Sophie de Wessex rencontre un potentiel client de sa société de relations publiques. Il se présente comme un cheik moyen-oriental. Le rendez-vous se déroule dans une atmosphère de confiance et l’épouse d’Edward se laisse aller à quelques confidences. Elle explique que Chérie Blair est "vraiment pire" que son époux le Premier ministre Tony Blair, et que le visage de William Hague, leader de l’opposition à l’époque, a "tout faux." Mais beaucoup plus problématique, la duchesse propose d’utiliser sa position pour favoriser l’accès à des membres de la famille royale, moyennant finance. Cette inconséquence est aggravée par l’identité réelle du cheik, qui est en fait un journaliste d’un célèbre tabloïd, News of the World.
L’hebdomadaire propose de ne pas publier cette histoire en échange d’une interview exclusive de la duchesse. Coincée, Sophie accepte. Le dimanche matin suivant, elle découvre son portrait en une du journal avec ce titre : "Mon Edward n’est PAS gay". Un désastre médiatique qui s’amplifie les jours suivants. La concurrence s’empare de l’affaire du faux cheik et commence à publier des articles sur le sujet. News of the World, désireux de ne pas perdre son scoop, sort l’histoire originale malgré l’accord passé avec Sophie. Brulée médiatiquement, la duchesse de Wessex se retire de toutes activités professionnelles.
Les criteres d'Harry et Meghan
Un rapport compliqué avec la presse, une épouse scrutée sans bienveillance après son mariage, une volonté d’indépendance en préservant son statut royal… Ces remarques sont peu ou prou les mêmes qui entourent le duc et la duchesse de Sussex. Harry pense qu’une certaine presse l’a privé d’une partie de son enfance, mais surtout qu’elle est responsable de la disparition tragique de sa mère. A son arrivée en Grande-Bretagne, Meghan est accueillie avec bienveillance par la majeure partie de la population, mais les réseaux sociaux se font l’écho de blagues nauséabondes et de commentaires ouvertement racistes. Après leur mariage devant deux milliards de téléspectateurs, le duc et la duchesse de Sussex cherchent à garder l’initiative sur le choix des causes qu’ils souhaitent défendre mais également la maîtrise de leur agenda. D’après leurs critères, qui n’étaient pas ceux d'Élisabeth II, l’impossibilité de garder leur indépendance au sein de la monarchie est la principale raison de leur départ.
Une fois aux Etats-Unis, Harry et Meghan se prêtent aux jeux des interviews vérités, avec un retentissement mondial. Puis, ils montent leurs propres sociétés afin d’exploiter leurs projets dans le divertissement. L’année dernière le couple réalise des voyages très médiatiques en Colombie et au Nigéria, sans qu’il soit aisé de déterminer la proportion entre spectacle, royauté et charité. Mais ce mélange des genres, entre complaintes rémunérées, rejet de l’institution, tentatives de productions audiovisuelles et visites princières, brouille fortement l’image des Sussex depuis le Megxit.
Aujourd’hui, le prince Edward et la duchesse d’Edimbourg, sont devenus des soutiens indispensables à la monarchie. Alors qu’ils donnaient l’impression d’avoir brulé tous leurs vaisseaux après leur mariage, ils sont revenus discrètement au sein de la Firme, avant de s’imposer. "Super Sophie" est maintenant l’envoyé spéciale des Windsor à travers le monde pour la défense de causes souvent délaissées et son apport à la cohésion de la famille est indéniable. Quant à Edward, son sourire et sa disponibilité ont su faire de lui un élément nécessaire et bienveillant dans l’agenda royal. Pour Harry et Meghan, en recherche d’un second souffle, l’exemple de l’oncle mal-aimé et de la tante maladroite peut avoir son utilité.
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