Harris ou Trump ? Ces démocrates californiens sont « prêts pour la victoire » - REPORTAGE
ÉTATS-UNIS - Une voix grave parvient aux oreilles des visiteurs dès l’entrée du local. Celle de Barack Obama. L’ex-président, star au sein du parti démocrate, est en meeting à Atlanta pour soutenir Kamala Harris. Son discours enthousiaste du jour est retransmis dans la petite permanence du Parti démocrate situé dans la rue commerçante de Santa Monica, petite ville balnéaire à côté de Los Angeles, en Californie.
Si Trump et Harris sont à égalité lors de la présidentielle américaine, que se passera-t-il ?
La permanence a ouvert le 1er septembre dernier pour accueillir les supporters de la candidate démocrate à la présidentielle américaine. Une fois passée l’entrée, c’est un océan de kitsch à la gloire de la vice-présidente : des badges colorés Kamala, des t-shirts à sequins Kamala, des posters Kamala, des casquettes Kamala… Les tréteaux sont recouverts de gadgets. Un peu plus loin, une silhouette grandeur nature de la candidate veille.
Au milieu de cette pièce surchargée, il y a Jane, la responsable du lieu. Elle ne passe pas inaperçue avec son « total look » à l’effigie de la candidate. « La première campagne à laquelle j’ai assisté activement, c’est Obama en 2008. Avant, je m’occupais de mes enfants. Depuis, je suis engagée en politique. » Jusqu’à devenir une figure de proue du Parti démocrate dans la région de Los Angeles.
« Notre job, c’est de faire en sorte que les gens aillent voter »
On suit Jane derrière les paravents, d’où la voix de Barack Obama résonne toujours. Au milieu des bureaux et des ordinateurs, des volontaires concentrées écrivent sur de petits cartons. « Nous écrivons des cartes pour les envoyer aux électeurs et les pousser à voter pour des candidats démocrates au Congrès. Nous leur disons aussi de voter bleu, c’est-à-dire pour Kamala Harris », expliquent Shelley et Tching, deux militantes assidues.
« Ce qui compte, pour l’élection, c’est le taux de participation ainsi que les États ou circonscriptions clés. Notre job, c’est de faire en sorte que les gens aillent voter. On les pousse à le faire en avance [il est possible de voter par anticipation dans certains États] parce qu’on ne sait jamais : vous pouvez crever un pneu le jour de l’élection ! », reprend Jane. Les militants visent surtout les électeurs enregistrés comme démocrates et les indécis, qui pourront faire la différence dans cette élection qui s’annonce très serrée.
Quelques centaines de voix pourraient faire basculer les circonscriptions « violettes » (ni bleu démocrate, ni rouge républicain). Car les Américains ne votent pas seulement pour leur président le 5 novembre : la Chambre est entièrement renouvelée, tout comme un tiers du Sénat. À l’inverse, il n’y a pas de suspense en Californie pour la présidentielle. Cet État qui a vu grandir Kamala Harris vote démocrate depuis des décennies et le fera encore le 5 novembre prochain.
Les démocrates confiants même si « rien n’est joué »
Les cartes postales ne sont pas le seul outil pour mobiliser les électeurs. Les militants sont réquisitionnés pour faire du porte-à-porte, parfois jusque dans les États voisins du Nevada ou de l’Arizona, ou pour du « phone banking ». De petites sonnettes jaunes sont d’ailleurs installées près des ordinateurs. À chaque fois qu’un électeur est convaincu par téléphone et promet de voter bleu, le militant la fait sonner bruyamment.
Quand Le HuffPost rencontre Jane, l’élection est dans une poignée de jours et l’ambiance est très bonne dans le QG. Aucune inquiétude. Des sourires sur tous les visages. « Harris a connecté avec les gens, sa candidature a provoqué de l’enthousiasme, elle brille, elle inspire le positif », affirme-t-elle. Joe Biden a été poussé vers la sortie fin juillet, trop affaibli après son débat catastrophique contre Donald Trump fin juin. « Elle est la bonne personne, pour le bon poste, au bon moment, renchérit-elle. J’aurais soutenu Joe Biden et aurais travaillé aussi dur pour lui, mais il est plus facile de se mobiliser pour elle. C’est plus facile de gagner. »
Voit-elle donc déjà Kamala Harris à la Maison Blanche ? « Oui, absolument », répond-elle sans l’ombre d’un doute. Puis tempère : « Mais ce n’est pas joué d’avance, on ne doit pas faire comme en 2016 avec Hillary Clinton. Je pense que le Parti démocrate a bien compris la leçon. Nous travaillons dur et travaillerons dur jusqu’au bout, car ce n’est pas gagné d’avance. Surtout qu’il faudra gagner largement pour éviter une contestation de Trump. » Ce dernier a indiqué qu’il accepterait les résultats si l’élection est « juste et libre ». Comprendre : si elle lui permet de retourner à la Maison Blanche.
« Les gens ne veulent plus de Trump »
L’assurance de Jane pourrait passer pour du déni. Quand on lui rappelle les sondages très indécis, elle balaie : « Ce n’est pas si serré. On doit être vigilants par rapport aux enquêtes d’opinion. » Au niveau national, Kamala Harris mène d’une très courte tête. Dans les États clés qui sont déterminants pour l’élection, les estimations sont trop proches, dans la plupart des cas, pour avoir une idée de qui virera en tête.
À ce moment, Sahar arrive dans la pièce. Comme Jane, la jeune avocate originaire du Soudan est certaine de voir Kamala Harris s’installer dans le Bureau ovale après Joe Biden. « Je suis très optimiste, parce que c’est évident. Même l’ancien vice-président de Trump et son ancien chef de cabinet l’ont lâché », pointe-t-elle. Mike Pence a indiqué qu’il ne voterait pas pour Donald Trump, et John Kelly a qualifié le républicain de « fasciste » dans la presse.
« Elle va gagner parce que les gens ne veulent pas Trump, et elle est la meilleure alternative avec ses valeurs. Les Américains savent ce que Trump fait, ses affaires judiciaires, la corruption… », veut encore croire Sahar, qui vient chaque jour au moins une heure au QG pour faire du phone banking. « Kamala Harris me rappelle Barack Obama, il y a la même énergie dans la campagne. C’est pour cela que je sens qu’elle va gagner. Si elle ne gagne pas, je vais finir à l’hôpital ! », lâche-t-elle avant d’aller à son poste.
« Je suis très confiante »
Pendant ce temps, Shelley et Tching n’ont cessé de gratter le papier. La timide Tching agrémente ses cartons d’un petit soleil, signe de son optimisme. Shelley vante : « En tout, nous avons déjà écrit 70 000 cartes ! » Ils étaient une vingtaine la veille à écrire des lettres, comme en attestent les photos que Tching montre sur son téléphone avec un grand sourire.
Comme Sahar et Jane, les deux retraitées n’ont pas de doute pour le 5 novembre. « Je suis très confiante. Certaines personnes que je connais ont déjà acheté leur billet et réservé leur hôtel pour aller à l’investiture en janvier à Washington. On est prêts pour sa victoire », s’enthousiasme Shelley.
« Ding, ding, ding, ding ! » Tout à coup, la sonnette stridente retentit. Un militant a réussi à convaincre un électeur par téléphone et des cris de joie remplissent la pièce. Tous les démocrates espèrent que cette nouvelle petite victoire fera basculer le résultat de l’élection en faveur de leur championne.
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