Harcèlement à l’école : comment sensibiliser et aider son enfant ?
Alors que plusieurs drames ont marqué l’année scolaire 2022-2023, le harcèlement scolaire est au centre des préoccupations du gouvernement et des parents d’élèves.
À peine démarrée, la rentrée scolaire 2023 est marquée par un nouveau deuil. Un adolescent de 15 ans, victime de harcèlement scolaire l’année passée, s’est donné la mort à son domicile de Poissy, dans les Yvelines, mardi soir. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de la mort du jeune homme. L’année dernière a été marquée par d’autres drames, le suicide de Lucas, 13 ans, en janvier dans les Vosges ou encore celui de Lindsay, 13 ans également, au mois de mai dans le Pas-de-Calais. Ces deux jeunes ont été victimes de harcèlement scolaire.
Une enquête nationale menée auprès de collégiens sur l’année 2021-2022 révèle que 6,7% d’entre eux ont été victimes de cinq violences ou plus de façon répétée. Face à l’ampleur du phénomène, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de faire du harcèlement scolaire sa "priorité absolue" pour la rentrée 2023. Mais que peuvent faire les parents à leur échelle ?
Être à l’écoute
Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale au secteur éducation de l'Unsa-Éducation et auteure du livre "Manuel d'autodéfense contre le harcèlement en ligne - #DompterLesTrolls" (éd. Dunod, 2019) insiste sur le fait de communiquer avec son enfant tout au long de l'année. "Le principe de la prévention c'est d'outiller son enfant à partir de situations sans gravité et surtout de nouer un dialogue et une confiance pour pouvoir mieux gérer et/ou mieux repérer et signaler des situations problématiques", précise-t-elle.
Et d'ajouter : "Il est primordial qu’il puisse parler librement des problèmes qu’il rencontre à l’école, et ce même s’il a une part de tort. Souvent le harceleur met le harcelé en situation de faute. C’est le cas s’il vole de l’argent à ses parents pour le donner au harceleur par exemple. Le parent doit être à l’écoute et valoriser davantage le fait que l’enfant lui parle que l’éventuelle bêtise. C’est important parce que l’enfant va avoir du mal à réaliser seul qu’il est harcelé."
"C’est rassurant pour l’enfant de savoir qu’il est protégé, même s’il a peur des conséquences."
La spécialiste de l’éducation poursuit : "Même si cela semble anodin, le parent ne doit pas banaliser les histoires d’enfants." Après la phase d’écoute et de compréhension, Stéphanie de Vanssay propose d’inciter l’enfant à trouver des solutions avec des phrases comme "qu'est-ce que tu pourrais faire pour te sortir de là ?" ou "qu’est-ce que tu pourrais faire pour aider ton camarade ?".
En revanche, si la situation problématique dure depuis plusieurs mois, Stéphanie de Vanssay préconise d’agir vite. "Si une bande l’attend à la sortie de l’établissement ou lui envoie des messages sur les réseaux sociaux, il faut se mettre en situation de protection et avertir l’établissement. Et ce, même si l’enfant n’est pas d’accord." Il faut alors lui expliquer que sa sécurité est importante et qu’on fait son boulot de parent. "C’est rassurant pour l’enfant de savoir qu’il est protégé, même s’il a peur des conséquences."
Les signes à surveiller
Parfois, l’enfant a dû mal à parler et ne se livre pas. Dans ces cas-là, il faut être attentif aux changements de comportement. Chez la victime, les signes sont de "l’anxiété, la baisse d’intérêt pour les activités, les troubles du sommeil, les retards et les oublis de matériel, la baisse des résultats scolaires, les absences ou encore le repli sur soi", énumère le ministère de l’Éducation nationale sur son site.
Chez les harceleurs et participants, les signes sont une attitude agressive, provocante et une vision positive de ce type de comportement, une faible empathie, un cercle d’amis agressifs ou encore l’utilisation de nombreux comptes en ligne. Les auteurs des faits recherchant souvent un public pour se sentir valorisés, il est aussi important de sensibiliser son enfant sur le fait de ne pas se laisser emporter malgré lui, en transmettant des photos ou des messages qui peuvent blesser quelqu'un d'autre par exemple.
Dès cette rentrée, un référent sur le harcèlement doit être créé dans chaque établissement. Il peut s’agir d’une infirmière, d’un conseiller principal d’éducation ou d’un enseignant. Les établissements scolaires devront également signaler aux procureurs les cas de harcèlement. Un décret publié mi-août prévoit qu’un élève responsable de harcèlement scolaire pourra être déplacé dans un autre établissement, au lieu de la victime, et sanctionné en cas de cyberharcèlement.
VIDÉO - Suicide d'un adolescent qui avait signalé des faits de harcèlement à Poissy : ce que l'on sait du drame