Harcèlement sexuel: Philippe appliquera la tolérance zéro à ses ministres

Le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré mercredi soir qu'il n'aurait aucune "mansuétude" si un membre de son gouvernement se trouvait accusé de violences ou de harcèlement sexuels. /Photo prise le 22 novembre 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré mercredi soir qu'il n'aurait aucune "mansuétude" si un membre de son gouvernement se trouvait accusé de violences ou de harcèlement sexuels.

Le chef du gouvernement, qui s'exprimait dans l'émission "En direct de Médiapart", a toutefois appelé à la prudence face au risque d'"accusations excessives" dans le contexte de libération de la parole qui a suivi l'affaire Harvey Weinstein.

Les accusations de viols et agressions sexuelles portées contre le producteur américain ont provoqué une onde de choc dans le monde entier et entraîné une série de révélations touchant entre autres les milieux politique, médiatique ou encore culturel.

Début novembre, en Grande-Bretagne, le ministre de la Défense Michael Fallon a démissionné après avoir été accusé d'avoir posé sa main sur le genou d'une journaliste en 2002. Quelques jours plus tard, le ministre du gouvernement régional écossais chargé de la Petite enfance, Mark McDonald, démissionnait après avoir admis un "comportement inapproprié".

"Comme, je pense, beaucoup d'autres hommes et femmes, j'ai une tolérance extrêmement basse, pour ne pas dire absolument nulle, à tout ce qui relève du comportement violent", a dit Edouard Philippe sur Médiapart.

"Je pense que lorsqu'on est capable de cela, ça traduit quelque chose qui est tellement loin de ce que je crois indispensable pour agir aujourd'hui, pour être à la hauteur de la tâche qui est fixée, que je n'aurais pas beaucoup de mansuétude", a-t-il dit.

"Il y a des choses qui ne sont pas acceptables et qui ne doivent pas être acceptées", a-t-il répondu, à la question de savoir quelle serait sa réaction si un membre de son gouvernement était concerné.

"Une fois qu'on a dit ça - que la libération de la parole était une bonne chose, que la société devrait traiter ce fait social, que ces comportements étaient inacceptables et devaient être sanctionnés -, il ne faut pas oublier que dans cette libération de la parole il arrivera mécaniquement que des accusations portées soient excessives par rapport aux faits dénoncés", a-t-il poursuivi.

"Ça arrivera, ne pensez pas une seconde que je sois en train de justifier quoi que ce soit", a ajouté Edouard Philippe. "Ce sera très compliqué, c'est pour cela qu'il faut être prudent sur le sujet et que même dans ces affaires, la présomption d'innocence existe."

Emmanuel Macron, qui a fait de l'égalité femmes-hommes la grande cause de son quinquennat, doit prononcer un discours samedi à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination des violences contre les femmes.

(Marine Pennetier, édité par Henri-Pierre André)