Harcèlement sexuel : «Il est impossible pour moi de retourner travailler chez BNP Paribas»

L’affaire a d’abord été discrètement réglée en interne par les ressources humaines.

Les prud’hommes examinaient, jeudi à Paris, le cas d’une jeune salariée de la banque victime d’agressions répétées. Son avocat dénonce la «stratégie d’étouffement» du groupe.

Des «trentenaires immatures et obsédés sexuels». Voilà comment l’avocat de BNP Paribas a qualifié les deux cadres de la banque accusés d’avoir harcelé Carole (1) sur son lieu de travail. Pendant cinq mois, entre 2011 et 2012, cette ancienne salariée, gestionnaire financière, a été victime de harcèlement et d’agressions sexuelles caractérisées de la part de deux de ses supérieurs à Hongkong. A plusieurs reprises, la femme, alors âgée de 24 ans, s’est vue réclamer ouvertement des fellations en échange de bonnes évaluations, ses deux agresseurs n’hésitant pas à poser leur main sur sa cuisse ou à lui tirer les cheveux en suggérant une position sexuelle. Des faits «établis» mais prescrits, selon la banque, qui rappelle que la requête de la jeune femme devant le conseil de prud’hommes a été déposée une semaine après la date limite des cinq ans marquant le délai de prescription. Dès lors, cette «situation difficile» ne saurait justifier la rupture du contrat de travail de Carole aux torts exclusifs de son employeur.

En arrêt maladie depuis mai 2017, Carol a traversé une profonde dépression et connaît toujours de fréquentes crises d’angoisse. «Je ne peux plus aller au bureau, a-t-elle expliqué à la barre, la voix tremblante d’émotion. Il est impossible pour moi de retourner travailler chez BNP Paribas.» A l’époque des faits, ce n’est pas elle mais un de ses collègues, choqué par les agissements des deux cadres, qui décide de faire un signalement au service «conformité» de la banque. Discrètement réglée en interne par la direction des ressources humaines, l’affaire est soldée par une simple amende à l’encontre du principal harceleur.

Rumeurs. Rassurée par son interlocutrice des ressources humaines, Carole poursuit alors sa carrière au sein de la banque, d’abord à New York puis à Paris. Mais à partir (...)

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