Harcèlement : de Reese Witherspoon à Kathleen Kennedy, la parole des productrices se libère

Réunies lors de la soirée événementielle "Women in Hollywood", certaines des actrices et productrices parmi les plus en vue de Hollywood ont pris la parole pour dénoncer le harcèlement et proposer des solutions.

Lundi soir se tenait à Los Angeles l'événement Women in Hollwood, organisé par le magazine Elle. De nombreuses actrices et productrices étaient réunies pour célébrer certaines des plus grandes stars du show-business. Mais suite à l'affaire Weinstein et plus largement aux révélations sur les cas de harcèlement sexuel gangrénant le monde du cinéma, les discours des "fêtées" furent le moment pour des témoignages accablant pour l'industrie, et la proposition de solutions.

La productrice Reese Witherspoon a ainsi déclaré lors de la convention :

"J'ai un véritable dégoût pour le réalisateur qui m'a agressé lorsque j'avais 16 ans, et de la colère envers les agents et producteurs qui m'ont fait sentir que [mon] silence était la condition à ce que je sois engagée [pour le rôle]. Et j'aimerais pouvoir vous dire que c'était un cas isolé, mais malheureusement, ça n'a pas été le cas. J'ai subi de multiples expériences de harcèlement et d'agression sexuelle, et je n'en parle pas très souvent. Mais d'entendre tous les récits de ces derniers jours, et toutes ces femmes courageuses qui ont parlé ce soir des choses qu'on nous avait demandé de mettre sous le tapis, cela me donne envie de parler, et de parler fort, car je me suis sentie moins seule cette semaine que pendant toute ma carrière".

Ironie du sort, Witherspoon a récemment été l'héroïne et productrice de la série Big Little Lies, qui était centrée sur le fait que les mensonges et les non-dits peuvent avoir des conséquences tragiques.

Les actrices françaises témoignent sur le harcèlement et Harvey Weinstein

Puis ce fut au tour de Jennifer Lawrence, qui débutera comme productrice avec le projet Bad Blood, de prendre la parole et de partager son expérience :

"Une productrice m'a fait me mettre en ligne nue avec cinq autres femmes qui étaient bien plus minces que moi. Nous nous tenions côte-à-côte avec seulement du scotch sur nos parties intimes. Après cette expérience humiliante, la productrice m'a dit que je devrais m’inspirer de ces photos pour m’aider dans mon régime."

Lawrence a rapporté cette situation à un producteur. Elle raconte : "il ne savait pas pourquoi tout le monde me trouvait si grosse, il pensait que j'étais parfaitement "b***sable". Et de conclure : "Je n'avais pas le pouvoir de faire virer un producteur, un réalisateur ou un chef de studio. Je me suis laissée traiter de cette façon car je pensais que je devais le faire pour ma carrière".

La solution : une commission ?

Le mot de la fin fut signé par Kathleen Kennedy, puissante productrice de Lucasfilm, qui a décidé d'agir concrètement :

"Les organisations qui constituent l'industrie américaine du cinéma : les studios, les syndicats, les guildes et les agences de talents devraient immédiatement convoquer une commission chargée de développer des protections nationales de l'industrie contre les abus et agressions sexuelles".

Kennedy propose que cette commission soit financée par les acteurs (au sens large) de l'industrie, et composée de "juristes, sociologues, psychologues, féministes, activistes et théoriciens, ainsi que des gens de la profession, cinématographique ou télévisuelle".

La productrice travaille activement depuis ces derniers jours à cette commission, avec l'idée suivante : "Les prédateurs [sexuels] doivent sentir qu'ils ne peuvent plus se reposer sur leur pouvoir, leur richesse ou leur célébrité pour les protéger des conséquences de leurs actions".

Cet événement rassemblait également Margot Robbie, qui a pris la parole pour encourager les femmes du monde à lutter contre toute "situation dégradante", Ava DuVernay qui a déclaré que le monde "devrait être outragé par tous les harcèlements, tout le temps", mais aussi Kristen Stewart. L'ex-héroïne de Twilight a confié son admiration pour les victimes qui sont "pieds et poings liées" car "elles ont peur de ne jamais retravailler".