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Harcèlement: Elles racontent leurs pires histoires de "drague" à la plage

Un récent sondage montrait qu'une femme sur quatre a déjà été victime de harcèlement à la plage, qui se manifeste principalement par de la drague lourde. Voici leurs histoires.

HARCÈLEMENT - “Tu veux une cigarette?”, “T’es bien cambrée!”; voici des remarques que n’importe quelle femme est susceptible de recevoir sur la plage, pour la simple raison qu’elle bronze en maillot de bain ou qu’elle fait du topless.

Nous l’avons expliqué dans un récent article, la plage, comme la rue, n’échappe pas au harcèlement. Plus d’une femme sur quatre a déjà été victime de “harcèlement de plage”. Et lorsqu’elles sont âgées de 18 à 34 ans, ce phénomène concerne même plus d’une femme sur trois (39%).

Ce harcèlement se manifeste principalement par ce qui est communément appelé de la drague “lourde”, même si les femmes qui en sont victimes ont exprimé leur désintérêt, pour 66% d’entre elles. Viennent ensuite des remarques inappropriées sur leur apparence ou visage ou des bruits inappropriés pour un peu plus de trois femmes sur dix, et des insultes pour plus 12% des personnes interrogées.

Pour comprendre ce phénomène, Le HuffPost a demandé à quelques femmes de raconter les pires histoires de “drague”, qui s’apparentent plutôt à du harcèlement, qu’elles ont pu vivre à la plage.

"On pourrait se connaître", de la part d'un homme deux fois plus âgé - Clémence*, 34 ans

J’avais 14-15 ans, j’avançais dans l’eau avec mon petit frère qui avait 5-6 ans. Mes parents étaient un peu plus loin derrière. Un type, la trentaine passée, s’approche. Il me demande si “on peut se connaître”. Je lui dis “non” et bredouille que j’ai 15 ans. “Ah, tu fais plus quand même”, me répond-il. Il laisse un silence puis relance: “On pourrait se connaître”.

Quand j’y repense, c’est assez glauque. Et puis moi qui avance ça comme si je m’excusais, alors que le “non” aurait dû suffire. À l’époque, j’étais bien ignorante. Je me rends compte qu’on apprend vite à ménager l’ego des hommes en s’excusant des contrariétés qu’on pourrait leur causer.

Quand j’ai expliqué ce qu’il s’était passé à mon père, il a rigolé.

Le faux photographe de plage et le mec qui essaie de te noyer - Camille*, 32 ans

Ce sont des photographes qui passent sur la plage et font des portraits des enfants, des familles, et des filles. C’était courant il y a encore quelques années. Une fois, un homme s’est fait passer pour un professionnel afin de nous faire poser avec des amies…

J’ai aussi connu, comme beaucoup d’adolescentes, ce mec qui essaie de te noyer. C’est un truc d’adolescent qui ne sait pas comment attirer l’attention des filles, alors il se chamaille avec elle, comme les gamins. Sauf qu’une fois, j’ai eu la peur de ma vie. Par la suite, ce garçon, qui était le meilleur ami de mon petit copain, s’est introduit dans la salle de bain pendant que je me douchais.

"Ça se voit que tu veux ça", de la part d'un groupe de garçons, parce que je bronze en maillot - Anaïs*, 23 ans

J’étais à Montpellier, j’avais 16 ans, je bronzais avec mes copines. Il y avait un groupe de garçons à côté de nous, et ils ne me lâchaient pas. Ils n’arrêtaient pas de me dire: “Tu es bien cambrée”, “Tu veux t’en prendre une”, plein de trucs comme ça… Et ça a duré très longtemps. Et à chaque fois que j’allais me baigner, j’entendais: “Ah, qu’est-ce qu’elle est bonne”.

En partant de la plage, ils nous ont suivies jusqu’à la voiture, et après ils m’ont demandé mon compte Snapchat. J’ai refusé et ils m’ont dit: “Mais pourtant ça se voit que tu veux ça”, etc. J’étais jeune, je ne disais rien, et, surtout, je ne savais pas où me mettre. Ce n’était vraiment pas agréable parce que je venais à la plage tranquillement pour bronzer avec des copines et évidemment à la plage, c’est normal d’être en maillot.

"Tu veux une cigarette?", parce que je fais du topless - Constance*, 28 ans

J’ai l’habitude, quand je vais à la plage toute seule, de faire du topless. Et d’ailleurs à chaque fois que je le fais, beaucoup de filles viennent autour de moi et font pareil, comme si elles se sentaient plus en sécurité.

Le problème, c’est qu’à chaque fois, il y a des mecs relous qui se mettent à côté de moi. Je les remarque, ils se mettent parfois carrément en face à moi, et ils me fixent tout le long. Après ça me met tout de suite mal à l’aise et quand je suis topless, c’est pire.

Souvent, comme ils se rendent compte que j’évite leur regard, ils décident de passer à l’action et de venir me parler pour des choses futiles de type: “Tu veux une cigarette?”, mais je vois qu’ils regardent mon corps. Et puis après ça, ils enclenchent la drague, et j’ai beau leur dire que je ne suis pas intéressée, que je ne veux pas boire un verre avec eux et qu’en plus de ça j’ai déjà un copain, ils s’en fichent et continuent. La triste fin, c’est que je suis obligée de partir pour être tranquille.

Je l’ai vécu des dizaines de fois. À chaque fois, je me sens mal à l’aise, c’est lourd. Ils ne comprennent pas quand on dit non. C’est comme une pression.

* Les prénoms ont été modifiés.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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