Hamon et Mélenchon entament de difficiles discussions

Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont entamé des discussions sur un éventuel rassemblement de la gauche dans la perspective de l'élection présidentielle, mais un tel rapprochement ressemble d'emblée à une mission quasiment impossible. /Photo prise le 11 février 2017/REUTERS/Philippe Wojazer

par Elizabeth Pineau PARIS (Reuters) - Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon ont entamé des discussions sur un éventuel rassemblement de la gauche dans la perspective de l'élection présidentielle, mais un tel rapprochement ressemble d'emblée à une mission quasiment impossible. Le dialogue ne sera "pas facile", a reconnu vendredi l'ancien ministre de l'Education, à qui le candidat de La France insoumise demande dans une lettre "des garanties" sur son engagement à rompre avec le quinquennat de François Hollande et exige que Benoît Hamon accepte l'essentiel de son programme. "Nous discutons et nous continuerons à discuter", a dit Benoît Hamon sur franceinfo. "Nous nous sommes parlé et nous allons encore nous parler aujourd'hui." Une amorce de dialogue confirmée dans la lettre de Jean-Luc Mélenchon envoyée jeudi soir à Benoît Hamon. "Voyons ce que nous pouvons faire d'utile", peut-on lire dans cette missive rendue publique vendredi par l'équipe du candidat de la France insoumise. "Nous sommes bien d'accord que la présidentielle et les législatives sont étroitement liées. Dans ces conditions parlons-nous avec sérieux, sincérité et loyauté à l'égard de notre peuple pour éclairer la décision et le choix qu'il va faire", ajoute Jean-Luc Mélenchon, qui discute aussi avec le candidat écologiste à l'élection présidentielle, Yannick Jadot. A près de 90%, les écologistes ont voté cette semaine en faveur d'un dialogue de leur camp avec Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon en vue des scrutins du printemps. "UN PROJET QUI POURRAIT ÊTRE COMMUN" Benoît Hamon souhaite une "discussion de fond", alors que la multiplication des candidatures à gauche favorise une accession de la candidate du Front national, Marine Le Pen, au second tour de la présidentielle. "Ce que nous devons discuter, ce sont les conditions dans lesquelles ce rassemblement est possible et qui est au bout du compte entre Yannick Jadot, entre Jean Luc Mélenchon, moi-même, le mieux à même de représenter la gauche demain au second tour de l'élection présidentielle sur un projet qui pourrait être commun", a expliqué Benoît Hamon. Il s'est gardé d'envisager clairement un éventuel retrait de sa part de la course à l'Elysée, ce que n'a jamais fait non plus Jean-Luc Mélenchon. Dans sa lettre, ce dernier demande à Benoît Hamon "des garanties politiques précises sur (s)on engagement à rompre avec le quinquennat et son bilan", laissant peu d'ouverture à son adversaire du PS, à qui il demande de rejoindre sa ligne. "Comme la majorité de notre peuple je n'ai plus aucune confiance dans les accords d'appareils entre partis politiques", écrit-il. "Le mouvement La France insoumise s'est constitué sur un programme et une candidature qui le porte. Rien d'autre." Il se dit néanmoins prêt à consulter ses troupes - "250.000 personnes engagées à mes côtés" - s'il existe "une possibilité que la trame essentielle de ce qui nous a regroupé puisse aussi fédérer des partis politiques de la gauche traditionnelle". Le candidat socialiste et celui de La France insoumise sont quatrième et cinquième dans les intentions de vote au premier tour, mais premier ou deuxième si l'on additionne leurs scores. "Ce ne sera pas facile, il le sait comme moi", a dit Benoît Hamon à propos des discussions avec Jean-Luc Mélenchon. Au chapitre des sujets de rapprochement, il a cité "l'aspiration à une VIe République, la "conversion écologique" et le partage du travail "pour créer des emplois". "Ce qui nous sépare sans doute, c'est la conception de la construction européenne", a-t-il ajouté. Alors que Jean-Luc Mélenchon demande de cesser de respecter les traités européens, Benoît Hamon plaide pour une relance de la construction européenne sur de nouvelles bases. Dans un sondage Odoxa pour franceinfo publié vendredi, les Français interrogés veulent à 63% que les deux candidats se présentent. Chez les sympathisants de gauche, les choses sont plus tranchées, les sondés émettant à 44% le souhait que Jean-Luc Mélenchon se désiste en faveur de Benoît Hamon, contre 16% dans le sens contraire. (Avec Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)