La haine des médias traditionnels, un élément clé de la «jihadosphère»

Abdelhamid Abaaoud, l'un des organisateurs des attentats du 13 Novembre. Photo «anonymisée».

Les terroristes s’appuient sur leurs propres organes de propagande et sur les réseaux sociaux.

C’est un partisan de l’Etat islamique qui réagit mardi à un tweet de BFM TV annonçant que plusieurs médias ne publieront plus les photos des terroristes : «Tant mieu (sic), ces nobles visages ne se retrouveront plus dans vos médias impurs et vos torchons.» Réaction d’orgueil ou simple constat ? La deuxième option est la plus probable. Les jihadistes de l’EI haïssent télés, radios et journaux dits traditionnels, qu’ils soient occidentaux ou arabes. «Ils les méprisent. Ils les accusent de mener une guerre contre l’islam, explique Romain Caillet, spécialiste des questions islamistes. L’EI, comme tous les groupes fondamentalistes, ne supporte pas la critique. Ses membres se considèrent comme les meilleurs des hommes, telle une élite à l’avant-garde de l’"oumma" [la communauté des musulmans, ndlr]. Ils sont extrêmement susceptibles.» Comme toute organisation radicale, l’Etat islamique veut contrôler sa communication de manière absolue. Ses membres redoutent avant tout qu’elle leur échappe, que des images autres que les leurs, agrémentées de commentaires qu’ils n’ont pas validés, puissent être rendues publiques.

«Famille». A l’automne 2014, Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats du 13 Novembre à Paris et Saint-Denis, avait publié des messages rageurs sur ses comptes Facebook après être apparu dans un sujet diffusé sur des chaînes belge et française. Les images, qui le montraient hilare au volant d’un pick-up traînant des cadavres, provenaient de son téléphone mobile récupéré par des rebelles syriens. «Je ne pense pas que les jihadistes aient envie d’apparaître torse nu ou en marcel sur BFM TV, comme on a pu le voir récemment, poursuit Romain Caillet. Ce n’est pas vraiment glorifiant. De la même manière, ils préfèrent être appelés par leur nom de guerre, qu’ils ont choisi, ou même de rester anonymes plutôt que d’être identifiés par leur vrai nom. Ils savent (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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