Haftar a quitté Moscou mais se donne 48 heures pour étudier l'accord de cessez-le-feu

HAFTAR A QUITTÉ MOSCOU MAIS SE DONNE 48 HEURES POUR ÉTUDIER L'ACCORD DE CESSEZ-LE-FEU

MOSCOU (Reuters) - Le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est de la Libye, a quitté Moscou sans signer le projet d'accord de cessez-le-feu négocié dans la capitale russe mais s'est donné deux jours pour étudier la proposition, rapporte mardi l'agence Interfax citant le ministère russe de la Défense.

Le ministère ajoute que le commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL) a réagi positivement à cette proposition que portent la Russie et la Turquie.

Le Premier ministre libyen Fayez al Sarraj, à la tête du gouvernement dit d'entente nationale (GEN) reconnu par la communauté internationale, a pour sa part signé le texte dès lundi.

Moscou et Ankara sont à la manoeuvre pour tenter de trouver une issue au chaos dans lequel la Libye est plongée depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les deux diplomaties exhortent les forces de Sarraj et d'Haftar à signer formellement une trêve.

Après le départ d'Haftar de Moscou, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé mardi la "fuite du putschiste Haftar" et prévenu que la Turquie n'hésiterait pas à lui "donner la leçon qu'il mérite" s'il continue d'attaquer "le peuple et le gouvernement légitime de Libye".

"Il est de notre devoir de protéger nos proches en Libye", a-t-il ajouté en évoquant les liens historiques entre les deux pays.

Erdogan a fait voter il y a moins de deux semaines par son parlement une motion l'autorisant à déployer des troupes en Libye pour soutenir le gouvernement Sarraj.

Il avait indiqué lundi que son pays déployait tous ses "efforts pour que le cessez-le-feu soit durable" en Libye et a souhaité que les discussions indirectes qui ont eu lieu à Moscou - où Sarraj et Haftar ne se sont pas rencontrés - posent les bases du sommet prévu ce dimanche à Berlin.

Ce sommet sur la Libye pourrait, selon une source européenne, se tenir en format "5+5" - les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu (Etats-Unis, Chine, France, Russie, Grande-Bretagne) et cinq "acteurs clefs" (Italie, Allemagne, Turquie, Egypte, Emirats arabes unis).

Au lendemain de son entrée en vigueur, le fragile cessez-le-feu annoncé dans la nuit de samedi à dimanche a permis de réduire l'intensité des combats entre les deux camps en Libye, même si des accrochages ont été signalés autour de Tripoli.

La lutte d'influence à laquelle se livrent les acteurs régionaux en Libye suscite l'inquiétude de l'Union européenne qui a condamné la semaine dernière les projets de déploiement militaire turc dans le pays, mettant en garde contre toute alimentation de la crise.

(Maria Kiselyova et Polina Devitt avec Tuvan Gumrucku et Ece Toksabay à Ankara; version française Simon Carraud, Nicolas Delame et Henri-Pierre André)