En Haïti, les ONG humanitaires sont «limitées par la violence quotidienne»

© Odelyn Joseph / AP

À Port-au-Prince, sous le contrôle des gangs, de 130 000 à 150 000 habitants ont dû fuir les violences, les viols et les enlèvements. Les ONG sur place ont le plus grand mal à maintenir leurs activités. Entretien avec Emmanuel Rink, directeur des opérations pour Solidarités International (soutien d’urgence en eau, hygiène et sécurité alimentaire) de retour de la capitale haïtienne il y a quelques jours.

RFI : Comment se déroule la situation au quotidien à Port-au-Prince ?

Emmanuel Rink : Chacun a tous les jours une histoire qui l’a touché directement. Certains n’ont pas pu sortir du week-end parce qu'il y avait des échanges de tirs entre gangs autour de leur quartier, dans tous les sens. D'autres n'ont plus d'électricité depuis 15 jours, puisque la centrale électrique elle-même a été pillée par les gangs, avec le personnel menacé. D'autres encore ont des blessés, voire connaissent des gens qui se sont faits kidnapper. D'autres enfin vivent une mise en coupe réglée par les gangs, qui envoient des demandes de taxation, sorte d'impôts officieux dans les quartiers. Ils demandent à chaque propriétaire ou à chaque habitant de payer un certain montant, au risque de se faire violenter s'ils refusent. C'est un peu le quotidien, je crois, de tous ceux qui vivent à Port-au-Prince. C'est très difficile.

Sans faire un classement du pire, cette situation haïtienne se rapproche-t-elle de terrains que vous connaissez ailleurs ou est-elle totalement inédite ?

À quoi l'activité humanitaire se heurte-t-elle ? Est-elle entravée dans sa volonté d'action ?


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