Haïti: un expert de l'ONU alerte, la population "continue de souffrir de la violation de tous ses droits humains"
La violence des gangs perdure toujours à Haïti. La population de cette île des Caraïbes "continue de souffrir de la violation de tous ses droits humains", a alerté ce vendredi 20 septembre William O'Neill, expert de l'ONU sur la question. L'organisation internationale s'était déjà inquiété du sort de l'île en mars 2024, décrivant à l'époque une situation "cataclysmique."
"Il faut cesser cette agonie qui perdure. C'est une course contre la montre", a déclaré à la fin de sa visite en Haïti l'expert, spécifiquement chargé de la question des droits humains dans le pays pour les Nations unies.
80% de la capitale sous le contrôle des gangs
Face aux gangs, qui continuent à recevoir des armes malgré un embargo international, la police "manque de capacités logistiques et techniques pour contrer les gangs", s'est désolé l'expert. La Mission multinationale d'appui à la sécurité (MMAS), soutenue par l'ONU n'a pour l'instant déployé "que moins d'un quart de son effectif prévu" et dispose d'un matériel "inadapté" et de ressources "insuffisantes", a-t-il ajouté.
Les gangs contrôlent plus de 80% de la capitale Port-au-Prince, ainsi que les principales routes du pays. Résultat, le pays compte au moins 700.000 déplacés internes, dont plus de la moitié sont des enfants et près de cinq millions de personnes souffrent d'insécurité alimentaire aiguë, a indiqué l'expert.
"Les violences sexuelles, utilisées comme armes par les gangs pour contrôler la population, ont drastiquement augmenté ces derniers mois", a ajouté l'expert onusien.
Les gangs se livrent également de plus en plus "à la traite des enfants, aux recrutements forcés, et les utilisent souvent pour mener des attaques contre les institutions publiques et les opérations de police."
Face à cette situation, l'expert de l'ONU, a insisté pour que la mission internationale reçoive les moyens d'être "efficace" pour soutenir les opérations de la police haïtienne, ainsi que pour mettre en oeuvre les mesures prévues par le Conseil de sécurité de l'ONU notamment le régime de sanctions et l'embargo ciblé sur les armes.
William O'Neill a également appelé les autorités haïtiennes, nommées depuis la démission du Premier ministre Ariel Henry de "lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance" qui fait plonger le pays dans une crise humanitaire. "Les solutions sont là, et elles existent déjà. Mais les efforts doivent être redoublés immédiatement", a-t-il conclu.