Gérard Collomb le "social-réformiste" devrait résister à Lyon

Le socialiste Gérard Collomb brigue avec sérénité un troisième mandat auprès des Lyonnais après 13 années à la tête d'une ville prospère et traditionnellement ancrée au centre-droit, prenant soin de se démarquer d'un exécutif impopulaire. /Photo prise le 6 mars 2014/REUTERS/Robert Pratta

par Catherine Lagrange LYON (Reuters) - Le socialiste Gérard Collomb brigue avec sérénité un troisième mandat auprès des Lyonnais après 13 années à la tête d'une ville prospère et traditionnellement ancrée au centre-droit, prenant soin de se démarquer d'un exécutif impopulaire. Le sénateur-maire sortant de 66 ans est quasiment assuré de sa réélection dans la troisième ville de France aux municipales des 23 et 30 mars, même si la situation lui est moins favorable qu'en 2008, quand il avait été réélu dès le premier tour. Défenseur d'une ligne "social-réformiste", Gérard Collomb a marqué sa différence avec le gouvernement sur des sujets comme le mariage pour tous, la réforme des rythmes scolaires, la fiscalité ou la place des entreprises dans l’économie française, s'épargnant le désamour tenace de l'opinion publique. Ce soutien critique de François Hollande a choisi de gommer le logo "PS" de ses affiches et de son matériel de campagne, disant conduire "des listes de large rassemblement regroupant des personnalités de sensibilités différentes avec de nombreux représentants de la société civile". De fait, 53% de ses colistiers ne sont pas membres du Parti socialiste. Outre ce positionnement, les performances économiques de Lyon sont son meilleur atout. La ville collectionne les places honorifiques : première ville française pour les études selon l’Etudiant.fr, première ville "business-friendly" pour L’Expansion et L’Express, neuvième ville européenne pour les investissements étrangers au dernier baromètre Ernst and Young. "ON A RÉUSSI À FRANCHIR LA CRISE" "En 2013, le Grand Lyon a accueilli 77 nouvelles implantations étrangères entraînant à elles seules la création de 2.000 emplois dans les trois ans, alors que les investissements étrangers en France reculent", souligne Gérard Collomb, qui brigue aussi la présidence de la future métropole du Grand Lyon. "En France, on a perdu 220.000 emplois privés pendant que dans l’agglomération lyonnaise on en a créé 9.500. A Lyon, on a réussi à franchir la crise", affirme-t-il. Signe de cette attractivité, le président chinois Xi Jinping, en visite officielle en France du 25 au 28 mars, a souhaité faire étape à Lyon où il visitera le site BioMérieux et l’Institut franco-chinois. Sûr de son positionnement et de son bilan, Gérard Collomb redoute toutefois, à l'image de nombreux édiles socialistes, une faible mobilisation des électeurs de gauche les 23 et 30 mars. Son principal adversaire, l’UMP Michel Havard, s'applique jour après jour à "nationaliser" l'enjeu lyonnais et appelle à un vote-sanction, s’affichant aux côtés de François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet et même Nicolas Sarkozy. "Si les grandes villes restent à gauche, ce sera un signal positif pour François Hollande et le gouvernement", prévient le candidat UMP. "Voter Gérard Collomb, c’est soutenir François Hollande". Dans sa campagne, il souligne qu’à Paris, "le sénateur Collomb vote les textes du gouvernement, exception faite de celui sur le cumul des mandats". UNE PRIMAIRE UMP RÉUSSIE Pour la première fois depuis trois décennies, la droite lyonnaise, tirant la leçon de ses échecs passés, a réussi à constituer un front uni et veut croire en ses chances. Sorti vainqueur à l’automne dernier d’une primaire interne, le "filloniste" Michel Havard, 46 ans, engagé dans la vie politique lyonnaise depuis vingt ans, a réussi à rassembler sur ses listes "Génération Lyon" ses rivaux, dont l’ancienne ministre Nora Berra et le député UMP Georges Fenech, mais également les représentants du centre et de l’UDI. Seule personnalité à n’être pas rentrée dans le rang, Eric Lafond, ancien compagnon de route de François Bayrou, se présente comme "candidat du centre", promoteur d’une façon de "faire de la politique autrement". Crédité de 5% des intentions de vote dans un sondage Ifop-Mag2Lyon publié début février, Eric Lafond se dit prêt à rallier entre les deux tours le candidat qui prendra en compte ses idées "novatrices". Sur le terrain de l'union, Gérard Collomb part avec un handicap. Lui qui a assuré en 2001 et 2008 sa désignation grâce à des listes de rassemblement avec le Parti communiste et les Verts dès le premier tour, il se retrouve cette année confronté à des dissidences. Des représentants communistes et écologistes figurent sur ses listes, mais deux membres de son équipe municipale lui sont opposés. La maire socialiste (exclue) du premier arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert, en désaccord avec la stratégie "centriste" du maire de Lyon, s’est alliée avec le Front de gauche. Elle est créditée de 8% dans l'enquête Ifop. L’écologiste Etienne Tête, ancien adjoint de Gérard Collomb en conflit ouvert avec le maire sur le projet de grand stade de l’Olympique Lyonnais, a choisi lui aussi de faire cavalier seul. Il est crédité de 8% des intentions de vote. Héritier de Bruno Gollnisch, parti tenter sa chance à Hyères (Var), Christophe Boudot porte les couleurs du Front national, crédité de 12% d'intentions de vote, score qui lui permettrait de maintenir au second tour dans quelques arrondissements. (Edité par Sophie Louet)